Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
Reporterre
Néonicotinoïdes : l’Europe interdit les dérogations accordées par les États membres
#neonicotinoides
Article mis en ligne le 20 janvier 2023

Victoire pour les écologistes opposés aux néonicotinoïdes. Les vingt-sept États membres de l’Union européenne n’ont pas le droit de déroger à l’interdiction européenne concernant les semences aux néonicotinoïdes, a jugé le 19 janvier la Cour de justice européenne. Et ce, y compris en cas de circonstances exceptionnelles.

Surnommés « tueurs d’abeilles », les néonicotinoïdes sont interdits depuis fin 2018 au sein de l’Union européenne en raison de leur dangerosité pour la biodiversité et la santé humaine. Onze mauvais élèves persistent malgré tout à accorder des « autorisations d’urgence » aux acteurs de la filière des betteraves sucrières, qui peinent à trouver des alternatives.

Le gouvernement français prévoyait ainsi d’accorder pour la troisième année consécutive, en 2023, une dérogation aux betteraviers utilisant ces substances. Il devra renoncer à ce projet, désormais considéré illégal par l’UE. (...)

Lire aussi :

 (Le Monde/AFP)
Semences aux néonicotinoïdes : les Etats ne peuvent pas déroger aux interdictions de l’Union européenne

(...)
Les Etats ont certes le droit « dans des circonstances exceptionnelles, à savoir lorsqu’un danger ou une menace compromettant la production végétale ou les écosystèmes ne peut être maîtrisé par d’autres moyens raisonnables », d’autoriser temporairement « des produits phytopharmaceutiques ne satisfaisant pas aux conditions prévues » par le texte européen, note-t-elle.

Pour autant, concernant « les semences traitées à l’aide de produits phytopharmaceutiques contenant des substances interdites expressément », le législateur européen « n’a pas entendu permettre aux Etats membres de déroger à une telle interdiction expresse », juge la Cour installée au Luxembourg, dont les arrêts s’imposent aux juridictions nationales des Vingt-Sept.

Les ONG ayant saisi la CJUE faisaient ainsi valoir que ces néonicotinoïdes « sont utilisés de manière croissante à travers la technique de l’enrobage des semences » et « au lieu d’être pulvérisés sur la culture, ils sont donc préventivement appliqués sur les semences avant l’ensemencement, sans égard à la présence avérée ou non des insectes que ces produits visent à éliminer ».

Déclin massif des colonies d’abeilles

En France, le gouvernement avait rendu public, le 3 janvier, un projet d’arrêté autorisant à nouveau pour la campagne 2023 l’utilisation de semences de betteraves sucrières traitées avec des néonicotinoïdes, insecticides néfastes pour les abeilles, suscitant l’opposition de défenseurs de l’environnement.

Ce texte, publié sur le site du ministère de l’agriculture et mis à la consultation du public jusqu’au 24 janvier, faisait suite à une décision favorable rendue une semaine plus tôt par le conseil de surveillance chargé d’instruire les demandes de dérogation d’usage de ces produits – conseil composé d’élus, de syndicats agricoles, de représentants de la filière, d’ONG, etc.

Fin 2020, le Parlement avait autorisé le retour temporaire de ces insecticides, qui contribuent au déclin massif des colonies d’abeilles et interdits depuis 2018, pour voler au secours de la filière betteravière dont les rendements avaient été drastiquement réduits par la jaunisse. La loi précisait que les dérogations ne pourraient être accordées, jusqu’en juillet 2023, que pour les semences de betterave sucrière.

En décembre, le ministre de l’agriculture, Marc Fesneau, s’était dit favorable à une nouvelle dérogation (...)