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Mutilations sexuelles et ordre moral (problématique et concepts de base de la lutte contre les mutilations sexuelles)
samedi 13 juin - par Michel Hervé Bertaux-Navoiseau, Chercheur en psychanalyse depuis 1980, militant contre les mutilations sexuelles depuis 2000, auteur de "Mutilations sexuelles masculines et féminines, le plus grand crime contre l’humanité"
Article mis en ligne le 17 juin 2015
dernière modification le 13 juin 2015

(...) Semblant vouloir sermonner l’humanité entière, le philosophe juif Maïmonide prône la circoncision au nom d’un ordre moral qui, sous couvert de religion ou tradition, prétend fabriquer des surhommes. Cet eugénisme odieux castre l’enfant de l’organe spécifique de l’autosexualité, décrétée immorale. Nous sommes en pleine aberration puritaine puisqu’à supposer l’autosexualité condamnable, seul l’usage de l’organe le serait et non l’organe lui-même. Cette torture barbare, un commencement de castration et une monstrueuse trahison de l’enfant, menace de castration, et même de mort, pour la vie entière. Auto-exclusion, elle discrimine à la fois le groupe ethnique lui-même et le reste de l’humanité. C’est l’instrument d’un ordre tyrannique qui tente de dominer l’enfant, comme l’adulte, au prétexte du "C’est pour ton bien."

Semblablement, à la fin du 19ème siècle, l’excision et la circoncision furent introduites dans le monde anglo-saxon pour prévenir l’autosexualité. Mais en 1950, à la suite d’un article alarmant du Dr Gairdner, la médecine anglaise abandonna la circoncision du jour au lendemain. En 2010, l’Association médicale royale néerlandaise a pris une position catégorique contre la circoncision non-thérapeutique au motif que, sans nécessité et au prix de complications physiques et psychologiques (la KNMG ne savait pas encore que le taux d’autisme est beaucoup plus élevé chez les enfants circoncis) parfois sérieuses, elle viole le droit de l’enfant à l’intégrité physique. Les justices pénales finlandaise (2006), puis allemande (2012), ont condamné la circoncision. Le 14 juin 2013 à la Sorbonne, ouvrant la réunion fondatrice d’ "Excision, parlons-en", Madame Christine Lazerges, présidente de la Commission nationale consultative des droits de l’homme, a déclaré qu’elle allait mentionner dans son prochain rapport au président de la république que les mutilations sexuelles féminines et masculines sont discriminatoires. Mais, après le tollé des religieux musulmans et juifs et du chef de l’état israélien consécutif à la décision du 1er octobre 2013 de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, qui s’est prononcée à une forte majorité pour le respect du droit de l’enfant à l’intégrité physique, l’avis du 2 décembre 2013 de la CNCDH n’en a rien fait. Cependant, dès 1989, le premier symposium de NOCIRC(1), suivi par Alice Miller(2) en 1990, a qualifié les mutilations sexuelles des deux sexes de "plus grand crime contre l’humanité".

La répression verbale s’ajoute à ces atroces tortures. Assimilant le plaisir au vice, elle interdit la sexualité dite, bien à la légère, infantile et la sexualité avant le mariage. Seule présente dans le reste du monde, cette mutilation sexuelle mentale asservit semblablement l’individu au puritanisme hypocrite. Peut-être moins irréversible, la mutilation des esprits par la parole est aussi redoutable que les excisions physiques ; elle a le même but de rendre l’individu docile en le traumatisant par mise sous terreur inconsciente. (...)