
Longtemps, la France a figuré parmi les pays d’Europe affichant la plus faible mortalité infantile. Mais cette époque est désormais révolue. Depuis une dizaine d’années, le nombre de décès d’enfants en bas âge est à nouveau en hausse dans l’Hexagone.
"Depuis 2015, la mortalité infantile en France est supérieure à la moyenne européenne, alors qu’elle était l’une des plus basses d’Europe à la fin du XXe siècle. En effet, contrairement à la France, la mortalité infantile en Europe continue de diminuer en moyenne, bien que modérément ces dernières années". Entre 1980 et 2020, la France est passée de la cinquième à la dix-huitième position dans le classement européen de mortalité des enfants de moins de 1 an.
"Difficile de déterminer précisément les causes de cette hausse, car nous manquons de données. Mais on peut tout de même évoquer quelques pistes. Le développement de l’obésité et du tabagisme chez la mère entraînent un risque de décès prématuré plus élevé chez les enfants", explique à L’Express Andreas Werner, pédiatre et président de l’association française de pédiatrie ambulatoire (AFPA).
L’Île-de-France supporte la hausse
Cette hausse s’observe dans tout le pays, mais elle est loin d’être homogène. L’Observatoire régional de santé (ORS) Île-de-France explique notamment dans une note que "depuis plus de trois décennies, la région Île-de-France présente des indicateurs de santé périnatale et infantile plus défavorables que ceux de la France métropolitaine". A elle seule, la région parisienne totalise plus d’un quart de l’ensemble des décès des enfants de moins d’un an.
Un état de fait qui n’étonne pas vraiment Andreas Werner : "On peut considérer certaines parties de la région Île-de-France comme des déserts médicaux. La densité de pédiatres y est très faible, et la qualité de l’accompagnement des parents est donc nécessairement plus faible. "
Infrastructures et pauvreté
La hausse de la mortalité infantile dans la région est surtout portée par le département de la Seine-Saint-Denis (...)
" Dans les départements les plus pauvres, on observe souvent un taux d’allaitement plus faible, une prévalence plus importante de l’obésité chez les parents, et du tabagisme plus fréquent. Chaque facteur de risque s’additionne, et augmente le risque pour l’enfant en bout de course".