
L’ONG Allemande Mission Lifeline attendait depuis une semaine pour accoster avec à son bord 224 exilé.e.s . Dans un retournement des faits assez spectaculaire, le président français Emmanuel Macron a déclaré, selon Le Monde, que l’ONG allemande faisait « le jeu des passeurs” en refusant de suivre les demandes des garde-côtes libyens. Suite aux critiques, les responsables de l’ONG ont rappelé que le navire se trouvait dans les eaux internationales au moment de l’opération de secours et qu’il était mieux à même de réaliser cette opération que les garde-côtes libyens car ces derniers ne disposaient pas du matériel nécessaire comme des gilets de sauvetage.
Nous sommes scandalisé d’apprendre que le président français estime que cette ONG ait« fait le jeu des passeurs ». Comme le souligne Amnesty International c’est une “atteinte inédite à la société civile”. Cela revient à critiquer les associations qui sauvent des vies alors qu’en même temps, l’Etat français est responsable de violences et intimidations policières institutionnalisées sur les exilé.e.s et les aidant.e.s et que la France demande une politique migratoire européenne inhumaine. En d’autres termes le plus haut représentant d’un Etat européen majeur, incapable d’imaginer une politique évitant les morts en Méditerranée, se permet de critiquer les associations qui sauvent des vies.
Dans ce contexte de remise en cause incessante du travail des associations, qui n’a bien-sûr rien à voir avec des personnes qui profitent de la situation des exilés pour s’enrichir, nous voulons souligner qu’une autre politique migratoire, humaine et solidaire, est possible. Une version de cette politique a été élaborée lors de la première session plénière des Etats généraux des migrations et elle est accessible ici.
De manière plus générale, il nous paraît important de rétablir les faits car les mots du président de la République entretiennent une confusion néfaste. Il convient, certes, de lutter contre les passeurs mais les passeurs ne sont pas la cause, ils sont une conséquence de l’absence de voie légale pour les exilé.e.s (qu’ils obtiennent à terme ou non l’asile) d’arriver en Europe. Pour de nombreux citoyen.ne.s de pays africains, notamment, il est impossible d’obtenir de visa pour venir en Europe. Les politiques migratoires ultra-restrictives des pays européens ne laissent donc pas d’autres choix aux exilé.e.s que de faire appel à des passeurs. (...)
A aucun moment il n’est imaginé une solution humaine pour les personnes qui vont tenter de traverser la Méditerranée. En d’autres mots, les difficultés pour les navires comme l’Aquarius ou le Lifeline ne font que commencer… (...)
Comme l’a souligné Jean Quatremer pour Libération « On n’assiste pas à une bataille entre une Europe ouverte et une Europe fermée, contrairement à ce que voudrait faire croire la France, mais à un affrontement entre égoïsmes nationaux. » (...)
Face à cela, une seule solution : résistons à bras ouverts face à ces politiques inhumaines !