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le Monde Diplomatique
Mirage des services à la personne Profession, domestique
Article mis en ligne le 29 février 2012
dernière modification le 26 février 2012

Le gouvernement français et une partie de la gauche voient dans les « services à la personne » un gisement d’emplois providentiel. On compte quelque cent millions de travailleurs domestiques dans le monde. Aux Philippines, l’« exportation » de bonnes est devenue une industrie nationale, avec formation obligatoire et séminaires de préparation à l’exil. Nombre d’entre elles travaillent à Hongkong.

(...) Charlotte, qui n’a « pas mis les pieds dans un supermarché depuis quatre ans » et vit cette exonération des tâches domestiques comme une « véritable libération », s’étonne encore que son employée fasse sécher son maillot de bain quand elle rentre de la plage, sans qu’elle le lui demande. Pour s’offrir ce service vingt-quatre heures sur vingt-quatre, six jours sur sept, le couple paie Mme Torres 5 000 dollars hongkongais (450 euros). « C’est 100 euros de plus que le salaire minimum pour les domestiques à Hongkong, à raison d’au moins dix heures de travail par jour », précise Charlotte. Et, puisqu’elle et son mari n’autorisent pas l’employée à se servir dans le réfrigérateur, ils y ajoutent 55 euros par mois. « C’est la loi à Hongkong », explique-t-elle (2).

Avant de commenter : « 450 euros, c’est un bon salaire. Certaines familles d’expatriés donnent même 600 ou 700 euros par mois. Elles nous cassent le marché. » (...)

« Sacrifice » : le mot revient constamment dans la bouche des travailleuses domestiques philippines. « Souvent, raconte Mme Torres, nous n’avons pas de liberté de mouvement chez nos employeurs. La nourriture est rarement suffisante et nous devons nous consacrer entièrement à la famille. Beaucoup de mes compatriotes vivent dans des conditions déplorables. » Violences verbales ou physiques, soumission permanente aux moindres désirs du patron, sous-paiement, exploitation quotidienne… (...)

La loi donne aux travailleuses domestiques quatorze jours pour retrouver une place après la fin d’un contrat, sous peine de devoir quitter Hongkong, ce qui explique que nombre d’entre elles n’osent pas porter plainte.
(...)

Une certitude : on ne fait pas pousser ici les germes du socialisme. Pas de syndicat ni de grève, pas de rassemblement à portée sociale, pas de remise en cause des bases de la servitude : « Soyez toujours ponctuelle », lit-on au chapitre six du manuel de l’école, tandis que l’une des « règles à suivre pour être une bonne aide à domicile » est de « ne jamais compter ses heures de travail » (section « Les choses à ne pas faire »).

« Ces centres de formation sont la honte de notre pays », estime M. Garry Martinez, président d’honneur de l’organisation non gouvernementale (ONG) Migrante International, à Manille. (...)

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