
Fallait-il privilégier les héritiers de Faulkner, convaincus que Woody Allen avait contrevenu au droit d’auteur, ou laisser libre cours à la créativité du cinéaste ? La semaine passée la décision est tombée, suite à la plainte déposée par les héritiers du romancier contre Sony Pictures Classics, en octobre 2012. Souvenez-vous, c’était du film Midnight in Paris, cette carte postale de Paris, façon Allen, que tout était parti.
(...) Évoquer une violation du droit d’auteur pour une citation de neuf mots, n’est pas tout à fait la même chose que l’utilisation complète d’une oeuvre, et à ce titre, il faut parvenir à trouver une juste mesure. « Par ailleurs, il va sans dire que la citation en question est d’une importance quantitativement minuscule, en regard de l’ensemble de l’oeuvre. Ainsi, le tribunal prenant en compte les analyses qualitatives et quantitatives, penche en faveur d’un fair use [NdR : une utilisation juste]. » (...)
« L’utilisation de cette citation est une contrefaçon et la présence du nom de WIlliam Faulkner dans le film en est une autre, susceptible de prêter à confusion, et d’induire le spectateur en erreur, en leur donnant à croire qu’il y a une filiation, une connexion ou une association entre William Faulkner, ses oeuvres et Sony », jurait les plaignants. On croyait tout de même rêver.
Leur avocat avait en effet tenté de faire valoir que cette citation contenait l’essence même du livre de Faulkner, et qu’à ce titre, il était nécessaire de porter l’affaire devant la justice. (...)
la phrase réellement prononcée dans le film est la suivante :
The past is not dead ! Actually, it’s not even past. You know who said that ? Faulkner. And he was right. And I met him, too. I ran into him at a dinner party.
Le passé n’est pas mort ! En fait, il n’est même pas passé. Tu sais qui a dit ça ? Faulkner. Et il avait raison. Et je l’ai rencontré, d’ailleurs. Je lui suis rentré dedans à une fête.
Dans ce cas, la citation même de Faulkner aurait pu faire comprendre aux héritiers que leur cause avait quelque chose de perdu d’avance. (...)