
François Ruffin fait un film à la Michael Moore, une action filmée, certes bricolée, mais qui dévoile aux yeux de beaucoup de gens qui les ignoraient ou ne s’y intéressaient pas, un certain nombre de méfaits d’un système néolibéral dans lequel Bernard Arnaud apparaît pour ce qu’il est : un pur prédateur. Comme cette action à la Robin des bois est menée, jouée et filmée à la manière d’une farce, beaucoup de gens non politisés l’apprécient et du coup sont obligés d’y penser et d’échanger à son propos.
Le 31 mars 2016, à la suite d’une manifestation contre la loi El Khomri, cette action filmée est projetée sur un écran en plein air place de la République à Paris. Ce sera le déclencheur d’un passionnant mouvement d’éducation populaire « sauvage » qui fait tâche d’huile et permet à des personnes qui n’avaient plus beaucoup l’occasion d’échanger de prendre la parole et de s’écouter les uns les autres : Nuit debout. Un effet politique (au sens grec de ce mot) réel et de grande valeur. Et finalement, il y a peu, le film remporte un prix national important. François Ruffin, à l’occasion de la remise officielle de ce prix, au lieu d’en nourrir son égo à coups d’émotion larmoyante comme il est habituellement d’usage, évoque publiquement et devant les caméras le sort de la classe ouvrière, notamment en Picardie, en un temps de délocalisations massives. Et grâce à ces images qui circulent abondamment sur internet, le problème soulevé par le film (bien plus que le film lui-même) peut apparaître et faire l’objet d’un débat sur la place publique. Ce qui redouble l’effet de dévoilement produit par le film. (...)