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Libération
Menacés d’expulsion, les « chibanis » du faubourg Saint-Antoine se rebiffent
Article mis en ligne le 2 septembre 2014

Une dizaine de retraités algériens ou marocains vivent depuis des années dans un hôtel meublé parisien.

Entre leurs mains ridées, leurs dossiers certifiant qu’ils habitent dans un hôtel meublé, 73, rue du faubourg Saint Antoine à Paris. C’est à cette adresse qu’une quarantaine de travailleurs migrants, en règle, vivent depuis dix, vingt ou quarante ans. Munis de leur titre de séjour, les membres de la délégation sont venus organiser la lutte, déterminés à ne pas se faire jeter à la rue.
A l’hôtel, mis à part deux Français, tous sont immigrés, algériens ou marocains. Pas une seule femme. Dans les petites chambres miteuses du meublé, beaucoup sont retraités et se font soigner dans les hôpitaux environnants. Zakia Ait-Tayeb, la gérante de leur taudis, qui n’est pas propriétaire des lieux, les a priés de déguerpir. Elle-même étant sommée de s’en aller par une lettre de la préfecture de police de Paris, datée du 7 juillet. A défaut de départ spontané, celle-ci s’expose à une expulsion « sous quelques semaines » et les habitants de l’hôtel par la même occasion. Alors que la procédure d’expulsion était lancée depuis des mois, elle leur a demandé de libérer leur chambre à la dernière minute. Les locataires n’ont été mis au courant du jugement rendu par le tribunal de grande instance de Paris du 26 juillet 2013 que début juin.

« ILS ONT DÉCIDÉ DE LUTTER »
Sauf que les chibanis ont encore de l’énergie (...)

A peine au courant de leur expulsion imminente, ils contactent le Droit au logement (DAL). Les militants fourrent le nez dans les affaires du vieil hôtel du faubourg. Et surprise : « Si la préfecture exécutait sa décision, elle serait dans l’illégalité. Ces gens sont locataires et il ne peut y avoir d’expulsion sans jugement nominatif », explique Jean-Baptiste Eyraud, militant historique du DAL. « Ça faisait longtemps qu’on n’avait pas vu ça, souligne-t-il. Parce qu’il n’y a plus beaucoup d’hôtels meublés et que généralement les gens ne restent pas dans ce genre d’habitation. Mais là, ils ont décidé de lutter. » (...)

A la préfecture, « le dossier fait l’objet d’une étude très attentive » explique-t-on prudemment. « A ce stade, la demande de concours de la force publique n’a pas encore été accordée. » A ce jour, la Compagnie des immeubles de la Seine, elle, est injoignable. Face à ces incertitudes, les vieux messieurs ont décidé de se battre pour, au moins, être relogé décemment.