
Pour l’élargissement de la campagne contre la Hogra et pour la dignité, la liberté et la justice sociale.
Le boycott citoyen de trois produits de consommation (le lait de Central, eau minérale Sidi Ali et les carburants des stations Afriquia) commercialisés par de grands groupes privés (la Société Centrale Laitière affiliée à la multinationale française Danone, spécialisée dans le lait et ses produits, la société des eaux gazeuses Oulmès appartenant au groupe Holmarcom de la famille Bensaleh, et la société de distribution de carburants Afriquia appartenant au groupe Akwa de la famille Akhannouch) a connu un large succès. Avec détermination et créativité, le peuple marocain résiste à de grands groupes capitalistes locaux et internationaux qui pillent les richesses du pays et appauvrissent les citoyens.
Un processus d’enrichissement d’une minorité capitaliste par les politiques néolibérales mises en place au début des années 1980.(...)
Les grandes réformes néolibérales ont commencé avec le programme d’ajustement structurel qui a conduit au désengagement progressif de l’État des secteurs publics et à la généralisation de la déréglementation en faveur de l’entreprise privée. Elles ont entraîné une grave dégradation du niveau de vie des salarié-e-s, petits producteurs et autres couches populaires.
Une série de grèves ont éclaté en 1978-1981 et trois grands soulèvements populaires (juin 1981, janvier 1984 et décembre 1990) contre la hausse des prix des principaux produits de consommation et des services de base. La base large de ces soulèvements populaires était composée de jeunes souffrant du chômage et de la pauvreté dans les quartiers marginalisés des grandes villes. Ces quartiers étaient principalement le résultat de la migration rurale causée par le processus d’appauvrissement des petits paysans et de la détérioration des conditions de vie des populations des zones rurales.
La privatisation des établissements et entreprises publics et des services publics s’est traduite concrètement par des opérations de cessions directes à des groupes capitalistes locaux et étrangers dominants.(...)
L’État a alloué une grande partie des ressources budgétaires pour fournir l’infrastructure nécessaire à la rentabilité des capitaux privés, soit à travers les plans sectoriels lancés au début des années 2000 dans des secteurs stratégiques (agriculture, industrie, pêche, tourisme, énergie, etc.), soit à travers les grands chantiers d’infrastructures (ports, aéroports, autoroutes, voies ferrées, complexes industriels et agricoles, etc.). Ces grands investissements inutiles et imposés ont accentué l’endettement public qui sera payé par les couches populaires à travers des politiques d’austérité. Mais leur véritable but est d’assurer l’accroissement de la fortune de quelques centaines de familles bourgeoises historiquement connues dans le domaine des affaires au Maroc, qui contrôlent l’appareil d’État et ses ressources et en profitent pour s’emparer de tous les secteurs rentables du pays et piller ses richesses. Elles opèrent en partenariat avec le capital étranger qui partage avec elles le butin et transfère des gains générés principalement par des investissements spéculatifs et des « investissements » de portefeuille. Actuellement, elles sont engagées dans la conquête de l’Afrique subsaharienne.(...)
Libéralisation des prix des principaux biens de consommation, privatisation des établissements et entreprises publics et des services publics : augmentation des profits des entreprises capitalistes privées au détriment de la détérioration du pouvoir d’achat des citoyen-ne-s.(...)
La privatisation incluait également les services publics par le biais de la loi de la gestion dite déléguée des services publics (commencée en 2002-2003), qui couvrait de vastes domaines telles que la distribution d’eau et d’électricité, le transport urbain, la collecte des ordures ménagères, etc. Cette loi garantit en fait les intérêts du concessionnaire à réaliser des profits sans se soucier de l’intérêt public, de la dégradation de la qualité des services fournis et des tarifs élevés. La loi sur le partenariat public-privé (2015-2014) couvre d’autres services non commerciaux, principalement la santé et l’éducation, en facilitant l’acquisition de services publics clés par le secteur privé et garantissant leur rentabilité. L’État a déjà mis fin à la gratuité des services de santé à travers le décret du 30 mars 1999 et a introduit la privatisation dans le domaine de l’éducation à travers la Charte de l’Éducation et de la Formation.
Il convient de rappeler que les classes dominantes gèrent la politique de privatisation et les politiques publiques selon les diktats des Institutions financières internationales (la Banque mondiale et le Fonds monétaire international), l’Organisation mondiale du commerce et les gouvernements des grandes puissances, mais en les adaptant à leurs propres intérêts avec le soutien de ces mêmes institutions et puissances puisque leurs entreprises bénéficient des accords de libre-échange pour accéder au marché marocain et l’acquisition des marchés publics et les secteurs rentables dans le pays.(...)
Le boycott citoyen actuel est la continuité du processus de protestations populaires contre la cherté du coût de la vie.
Le pouvoir d’achat des salarié-e-s s’est détérioré et l’appauvrissement des petits producteurs a été accentué alors qu’une minorité de capitalistes locaux ont entrepris des partenariats avec des capitaux étrangers et ont accumulé des richesses considérables qu’ils exportent sur le continent africain pour en tirer des surprofits sur le dos des peuples.
Le boycott citoyen actuel des trois produits de consommation s’inscrit dans le contexte du processus de protestations populaires qui a éclaté depuis les premières expériences de gestion déléguée, contre Lydec à Casablanca en 1997, contre Redal à Rabat en 1998 et Amendis dans les villes de Tanger et Tétouan en 2002. La lutte contre la cherté du coût de la vie va s’étendre dès 2006, suite à l’explosion des prix des produits de consommation de base. On a assisté à la multiplication de coordinations locales contre la hausse des prix et pour la défense des services publics tout au long de la période 2006-2008. Les manifestations populaires à l’appel du Mouvement du 20 février au cours de la période 2011-2012 ont généralisé les revendications de liberté, de dignité et de justice sociale. Elles ont tenté d’ouvrir les dossiers de rente en demandant la liste des bénéficiaires des licences de transport, de carrières de sable et de gravier, de permis de pêche en mer, de distribution de biens immobiliers et terrains publics (les fermes de deux sociétés publiques, Sodia et Sogeta), des forêts, etc.
Les classes dirigeantes ont essayé de contenir la dynamique du mouvement du 20 février à travers la farce d’une constitution accordée et la mise en place d’un gouvernement formel dirigé par le Parti Justice et Développement, un parti libéral de droite avec une couverture religieuse. Mais les luttes populaires et ouvrières se sont poursuivies dans de nombreuses régions en 2014 et en 2015 et de nouveau, les protestations des citoyen-ne-s contre Amendis à Tanger sont reparties au cri de « dégage ».
Juste après la victoire du Parti Justice et Développement aux élections législatives du 7 octobre 2016, le Hirak du Rif a éclaté dans la ville d’Al-Hoceima après la mort du vendeur de poisson Mohsen Fikri dans un camion benne à ordures (le 28 octobre). Le mouvement populaire s’étendra à la ville de Jerada et à de nombreuses zones marginalisées du Maroc, révélant le dilemme du modèle du développement suivi et l’aspiration des classes populaires à une alternative économique et sociale qui coupe avec la logique de rente, de prédation des richesses et de la destruction de l’Homme et de la nature.
Les menaces de l’État ont attisé le boycott.(...)
La dette des ménages : des banques privées augmentent leurs profits, elles nécessitent des mobilisations populaires pour mettre fin à leur rapacité.(...)
Le niveau de revenu par habitant de la grande majorité des Marocains est très faible. La plupart des rapports des institutions internationales classent le Maroc aux derniers rangs pour l’éducation et la santé. Le nombre de personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté augmente de manière significative et le chômage a un caractère de masse, principalement chez les jeunes. Ceci, alors que les banques ont réalisé un bénéfice net d’environ 10 milliards de dirhams en moyenne au cours des trois dernières années. Les institutions de microcrédit ont réalisé un bénéfice net de 226 millions de dirhams en moyenne au cours des trois dernières années. Le mouvement des femmes victimes du microcrédit, né dans le contexte des manifestations du 20 février 2011, contre lestaux d’intérêtélevés (jusque 33%) a poussé à la suspension des remboursements de dettes devenues insupportables pour des femmes sans revenu.
Le secteur bancaire est fortement concentré et dominé par trois grandes banques privées (...)
Le système de la dette publique est au cœur du système d’accaparement des richesses et nécessite des mobilisations populaires pour l’abolir.(...)
Nous à ATTAC Maroc, nous appelons à unmoratoiresur le remboursement des dettes publiques et demandons leur audit pour annuler les parties illégitimes comme condition nécessaire à tout développement juste et pour recouvrer notre souveraineté populaire.(...)
Les multinationales qui pillent nos richesses et détruisent notre environnement nécessitent une campagne populaire contre leur impunité.(...)
ATTAC Maroc, membre du réseau CADTM, participe à la Campagne internationale des mouvements sociaux et des organisations de la société civile pour mettre fin à la domination des sociétés transnationales par l’adoption d’un instrument international juridiquement contraignant pour qu’elles respectent les droits de l’Homme et arrêtent la destruction de l’environnement.
Nous cherchons à développer cette campagne au niveau de notre pays et de notre région pour dénoncer les différentes exactions des multinationales. La société française Lydec à Casablanca, par exemple, est impliquée dans des scandales financiers, sociaux et environnementaux qui ont été reconnus même par des institutions étatiques.(...)
Aujourd’hui, face aux gouvernants qui concentrent les décisions économiques et politiques et violent les intérêts de la majorité, la désobéissance et le boycott de leurs produits deviennent un devoir national !
Face à leur complicité et à leur alliance avec nos anciens et nouveaux colonisateurs pour piller et exploiter nos ressources, la désobéissance et le boycott de leurs produits deviennent un devoir national !
Face au racisme des gouvernants contre l’écrasante majorité de notre peuple, à leur mépris de sa culture de résistance et de solidarité, à leur promotion de la domination culturelle coloniale, surtout française qui n’a cessé depuis l’indépendance formelle de notre pays, la désobéissance et le boycott de leurs produits devient un devoir national !