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Même vous, Monsieur le Président, vous êtes venu au monde grâce à une sage-femme
Article mis en ligne le 19 décembre 2013

Les sages-femmes manifestaient à Paris le 16 décembre pour obtenir un véritable statut médical à l’hôpital. Choquée par l’attitude des forces de l’ordre, Agnès Ledig, une sage-femme qui a travaillé cinq ans au Centre médico-chirurgical obstétrique de Schiltigheim (Alsace) avant de s’installer en libéral, a écrit une lettre à François Hollande. Sage-femme, le plus beau métier du monde ? « Une profession méprisée, invisible, non reconnue et maintenant violentée », déplore-t-elle.

Lettre ouverte à Monsieur Hollande
Président de la République Française.

Monsieur le Président,

Je suis sage-femme libérale dans une petite ville de province, mais je suis aussi écrivain, et c‘est cette plume que je prends aujourd’hui pour vous écrire la colère, le dépit, la tristesse, peut-être même la rage, que j‘ai ressentis ce lundi 16 décembre 2013, journée de manifestation des sages-femmes à Paris, après deux mois de grève. J‘ai pleuré, Monsieur Hollande, j‘ai pleuré en voyant mes collègues molestées, repoussées, et pour certaines d‘entre elles frappées violemment par les forces de l‘ordre : une clavicule et un tibia cassés, des hématomes, et des sages-femmes choquées d‘être prises pour des hooligans. (...)

Notre demande ne s‘inscrit pas au delà du raisonnable, loin de là. Une visibilité équivalente aux médecins dans le suivi des femmes, un statut digne de la profession médicale que nous sommes, et la reconnaissance qui va avec. Ce n‘est vraiment pas déraisonnable.

Ce lundi, les sages-femmes criaient avec le cœur, et on les a bâillonnées avec les coups. (...)

Quand j‘annonce que je suis sage-femme, neuf fois sur dix, on me répond « vous faites le plus beau métier du monde ». Je n‘arrive plus à répondre « oui », Monsieur le Président, je n‘arrive plus à répondre oui, parce que non, ce n‘est pas le plus beau métier du monde. Ce n‘est plus le plus beau métier du monde. Qu‘allez-vous faire, Monsieur Hollande, pour que je puisse à nouveau dire oui ?