Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
les eaux glacées du calcul égoiste
Méfiez-vous de l’eau qui dort, par Aurel
Article mis en ligne le 2 février 2019
dernière modification le 31 janvier 2019

C’est au moyen d’une conférence gesticulée donnée dans le cadre des Rencontres des Ami.es de François de Ravignan, le 9 novembre 2018 à Limoux, que la sociologue Aurel a exposé différents enjeux de la gestion de l’eau : un traitement de la pollution en trompe-l’œil ; la marchandisation facilitée par le transfert à l‘intercommunalité ; et un usager qui perd sa capacité d’action au niveau local, tout en supportant la quasi-intégralité de la facture.

C’est à partir de son métier de sociologue de l’environnement qu’Aurel a eu envie d’exposer un certain nombre de choses au moyen d’une conférence gesticulée. « Mon matériau de sociologue », dit-elle, « c’est la parole des gens » qu’elle recueille depuis 14 ans. Une écoute et une expérience qui l’ont amenée à dresser plusieurs constats.

Le ministre de l’Agriculture de l’époque (1998-2002), Jean Glavany, avait annoncé « une révolution tranquille de l’agriculture » par une transition vers le « développement durable ». Un désherbant très utilisé alors en agriculture, l’atrazine, était le principal responsable de la pollution des eaux.

On a donc interdit l’atrazine, mais sans changer les pratiques agricoles. On pourrait désherber mécaniquement, mais non, on continue de le faire chimiquement… essentiellement au glyphosate ; cela aboutit à remplacer une pollution par une autre.

Les collectivités distributrices ont l’obligation d’établir des périmètres de protection (où tous traitements peuvent être interdits) autour des captages (cela concerne 41 % des captages de l’Aude).

On peut dire : les pouvoirs publics ne se sont pas contentés d’interdire l’atrazine et d’établir des périmètres de protection. C’est vrai, ils ont aussi imaginé d’autres « solutions », mais quelles solutions ! (...)

En fait, on n’a donc pas fondamentalement résolu les problèmes de pollution des ressources en eau. On a, comme dit Aurel, mis en place « une gestion palliative », qui consiste à traiter les symptômes et non les causes.

Les pouvoirs publics ont aussi recours à une « solution magique » : la dérogation, par arrêté préfectoral. Elle consiste à demander aux gestionnaires d’une ressource polluée de « tout mettre en œuvre pour rétablir la qualité de l’eau »… avec un délai de trois ans.

En attendant, les usagers continuent à boire l’eau telle quelle. (...)

On a mis en place deux cercles vicieux, conclut Aurel : la fabrique de non-qualité de l’eau ; et le paiement intégral de l’eau par l’usager, sans ménager les plus démunis.

Du fait de l’accroissement constant de la facture, de plus en plus d’usagers en France ne peuvent plus payer leur facture d’eau, sans compter l’accroissement du nombre de ceux qui ne disposent pas d’un logement et donc d’un accès à l’eau. La pauvreté en eau est un problème public en France !

Aurel appelle à saisir une belle aventure de convergence des luttes environnementales et sociales !