C’est une nouvelle étude qui contredit les détracteurs des ONG humanitaires. D’après un rapport de Scientific Reports, les opérations de sauvetage de migrants en Méditerranée centrale n’ont pas d’influence sur les tentatives de traversées. En clair, la présence de navires humanitaires en mer ou de garde-côtes ne constituent pas un "facteur d’attraction" pour les candidats à l’exil.
Pour arriver à cette conclusion, les auteurs de l’étude, des chercheurs en sciences sociales, ont collecté des données de l’agence européenne des frontières de l’UE (Frontex), des garde-côtes tunisiens et libyens, de l’OIM et de l’ONG néerlandaise United for intercultural action - qui compile l’identité des victimes. Et ce, pour une période s’étalant de 2011 à 2020.
Ils ont ensuite effectué des simulations avec un modèle permettant d’identifier les facteurs qui prédisaient le mieux les variations des passages. Ces facteurs comprenaient le nombre de sauvetages, les taux de change, les prix des produits de base, le taux de chômage, les conflits, les flux aériens, la météo. (...)
Conclusion : le nombre de traversées maritimes ne varie pas en fonction des sauvetages. "Il n’y a pas de lien entre le fait de sauver des vies en mer et les flux migratoires", a déclaré lors d’une conférence de presse Julian Wucherpfenning de la Hertie School de Berlin, co-auteur de l’étude.
Les sauvetages sont "une réponse" et pas "une cause" des traversées (...)
Ce lien de causalité n’est pas établi même lors des sauvetages plus importants, comme l’opération Mare Nostrum "de la marine italienne, qui avait permis de secourir plus de 100 000 personnes en Méditerranée entre 2013 et 2014", a ajouté Alejandra Rodriguez Sanchez de l’université allemande de Potsdam, principale auteure. En revanche, les conflits, catastrophes naturelles ou les prix des produits de base dans les pays d’origine, ont joué sur les traversées, relèvent les chercheurs. La météo le jour de l’embarquement aussi. (...)
Depuis des années, des voix s’élèvent pour dénoncer la présence d’humanitaires en mer, et affirment que les migrants sont incités à entreprendre la traversée car ils pensent être secourus en cas de naufrage. Une idée reçue qui alimente le mythe de "l’appel d’air", régulièrement brandi en étendard par l’extrême-droite pour justifier sa politique anti-migrants. (...)