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Méditerranée : "Avec les avions humanitaires SeaBird et Moonbird, nous avons repéré 20000 migrants en détresse en mer"
Article mis en ligne le 5 juillet 2020

Depuis la semaine dernière, l’ONG allemande Sea Watch en coopération avec la fondation de pilotes HPI, dispose d’un nouvel avion, le SeaBird, afin de survoler la zone de détresse au large de la Libye d’où partent des centaines de migrants chaque semaine, dans l’espoir d’atteindre l’Europe sur des embarcations de fortune. Ce nouvel appareil rejoint le Moonbird, actif depuis 2017.

À quoi servent ces avions humanitaires ? Comment fonctionnent leurs missions de recherche ? Pourquoi avoir fait l’acquisition d’un nouvel avion ? InfoMigrants s’est entretenu avec Kai, coordinateur technique pour les deux appareils avec lesquels il a volé des centaines d’heures ces derniers mois, à la recherche de migrants en détresse.

InfoMigrants : Pourquoi avez-vous décidé d’acquérir un avion de recherche supplémentaire ?

Kai : Nous avons voulu ajouter un avion supplémentaire car nous faisions de longues escales techniques entre chaque mission avec le Moonbird. L’avion devait aller en maintenance toutes les 100 heures de vol, ce qui est généralement une procédure assez longue. Donc pour ne plus avoir ces longues périodes de vide, nous avons ajouté un avion depuis la semaine dernière, le SeaBird.

Par ailleurs, nous arrivons de moins en moins à communiquer avec les autorités lorsque des petites embarcations sont en détresse. Même chose pour les navires humanitaires. Pourtant, toujours plus de migrants continuent de se noyer en mer Méditerranée. Il nous est donc apparu plus que nécessaire d’envoyer le plus souvent possible un avion pour survoler la SAR zone et trouver des migrants en détresse par nous-mêmes plutôt que d’attendre de maigres informations des autorités. (...)

En moyenne, nous volons 12 à 15 jours par mois. Notre Conseil technique et le chef de mission à terre sont chargés chaque jour d’évaluer la situation, de regarder s’il y a un schéma ces derniers jours - par exemple un pic de départs depuis telle ville, à telle heure de la journée. C’est eux qui vont nous aiguiller pour savoir vers où se diriger et si ça vaut la peine de sortir ce jour-là. (...)

Nous avons aussi une personne qui documente la mission en prenant un maximum d’images. Si nous avons de la place, on ajoute aussi un "spotteur" qui scrute la mer à travers le hublot, à la recherche d’embarcations. Et parfois un journaliste pour créer une prise de conscience de la situation.. (...)

Nous avons aussi une personne qui documente la mission en prenant un maximum d’images. Si nous avons de la place, on ajoute aussi un "spotteur" qui scrute la mer à travers le hublot, à la recherche d’embarcations. Et parfois un journaliste pour créer une prise de conscience de la situation. (...)

IM : Que se passe-t-il lorsque vous repérez une embarcation en détresse ? Ou bien des corps sans vie, comme ceux que vous avez découvert cette semaine au large de la Libye ?

K. : Lorsque nous repérons un bateau en détresse, nous informons notre collaborateur au sol de sa position. C’est ensuite lui qui transmet ces informations aux autorités, à savoir les MRCC italien, maltais et les garde-côtes libyens, de manière à ce que tout le monde soit informé et puisse agir. Notre principal problème, c’est qu’ils ne sont absolument pas réactifs. Par exemple, avec la Libye, nous appelons neuf numéros différents pour essayer d’alerter les secours, mais à chaque fois, nous tombons sur des personnes qui prétendent ne pas parler anglais. Il n’y a pas que les Libyens qui ne sont pas réactifs, encore aujourd’hui nous avons appelé le MRCC de Malte pour les informer d’un bateau en détresse dans leurs eaux. Ils nous ont répondu qu’ils refusaient de communiquer avec des ONG. Ils n’en ont rien à faire.

En parallèle, nous informons aussi les navires humanitaires. Nous n’avons pas le choix si on veut que l’embarcation en détresse ait une chance de s’en sortir. Les navires commerciaux les plus proches sont également contactés, nous leur demandons s’ils peuvent effectuer le sauvetage ou a minima rester auprès de l’embarcation en détresse, le temps qu’un navire humanitaire puisse arriver. (...)