
3,4 milliards de masques chirurgicaux sont jetés chaque jour dans le monde. En France, aucune filière n’est née pour les recycler. Mais dans la Vienne, une entreprise réussit à les transformer en matériel scolaire.
En fin d’année 2020, lassé de voir des masques traîner sur les terrains d’athlétisme où il est bénévole, Mickaël Offret, conseiller municipal à Locminé dans le Morbihan s’est mis en quête d’une solution. « Dès le début de l’épidémie, il manquait un maillon dans la chaîne », dit-il : le recyclage. Grâce à un reportage télé, l’élu a entendu parler de la société Plaxtil, qu’il a contactée. Sa commune de 4 000 habitants a donc été l’une des premières à donner une deuxième vie à ces dispositifs de protection contre le Covid-19. Les masques usagés se réincarnent en kits de géométrie, en supports pour téléphones... « En ce qu’on veut, on peut quasiment tout faire », dit à Reporterre Olivier Civil, cofondateur de l’entreprise. (...)
« Quand on a vu arriver les masques, on s’est dit que c’était de la folie d’en mettre dans les mains du grand public sans avoir de solution pour les gérer après. » On estime que 3,4 milliards de masques chirurgicaux sont jetés chaque jour dans le monde en ce moment — et ils mettent des centaines d’années à se décomposer. Le polypropylène, issu du pétrole et dont ils sont composés à 90 %, met en moyenne 400 ans à se dégrader. « On avait la technologie pour les recycler », conclut-il.
À Locminé, la municipalité distribue aux enfants règles, équerres et rapporteurs faits à base de masques. « C’est motivant pour les jeunes, ils voient que leurs actions sont concrètes », dit Mickaël Offret. Les principaux intéressés confirment : « Ça évite qu’ils se retrouvent dans la nature, on peut en faire des objets au lieu d’acheter des nouvelles choses en plastique », commente Alexis, 11 ans (...)
L’entreprise s’y est mise dès juin 2020. Mais il a fallu s’adapter : les masques pouvant être contaminés, il a fallu prendre des mesures spéciales. Une mise en quarantaine et le passage dans un tunnel de désinfection aux UV ont permis de montrer que le traitement des masques chirurgicaux ne représentait pas de danger pour les opérateurs. « On a demandé une autorisation auprès de l’Agence régionale de santé et on a obtenu l’accord du maire », raconte M. Civil. (...)
Aujourd’hui, l’entreprise collecte les masques d’une cinquantaine de collectivités. (...)
« Le plastique peut avoir une dizaine de vies », assure le cofondateur de l’entreprise. Avec certaines limites : il n’est par exemple pas possible d’en faire du plastique alimentaire.