La crise sanitaire met les soignantes en lumière. Le médecin engagé invite les professionnelles de la santé à « renverser le patriarcat médical ».
Et si « le chœur des femmes » se révoltait pour de bon ? « Le Chœur des femmes* » est le titre d’un roman écrit par Martin Winckler en 2009. Ce médecin qui a exercé en France avant de s’installer à Montréal, a imaginé ce « roman polyphonique » dans un « service de médecine des femmes ». Ces femmes qui lui ont tout appris de la médecine, bien plus que des chefs de service autoritaires. En 2016, dans un essai, « Les brutes en blanc », il dénonce ce qu’il appelle « la maltraitance médicale en France. » Puis dans « L’École des soignantes » en 2019, il décrit un hôpital idéal en 2039. Les professionnel.le.s de santé auraient fait leur révolution féministe. L’école des soignantes apprendrait qu’avant de faire les gestes chirurgicaux les plus difficiles, « on doit d’abord apprendre à délivrer les plus simples : aider une soignée à se lever, se laver, se nourrir mais aussi panser, et écouter le récit des personnes, respecter leurs aspirations. »
La crise sanitaire met en lumière les « soldates du care » et en particulier les infirmières, aides-soignantes, employées des Ehpad, mal considérées, mal payées. Alors Martin Winckler publie une tribune dans le magazine Elle pour inviter ces femmes à se révolter.
Et il ne mâche pas ses mots. Il distingue, d’un côté les pontes de la médecine qui diagnostiquent et ordonnent des traitements, tiennent « de grands discours, en amphithéâtre et ‘au lit du malade’. En lui tournant le dos, de préférence ». Et, de l’autre « dans tous les services, les soins sont délivrés par une équipe d’aides-soignantes, d’infirmières, de sages-femmes, d’orthophonistes, de psychomotriciennes. » écrit-il. Il va les appeler à se révolter parce qu’elles soignent tandis que « les hommes, eux, trop souvent, soignent avant tout leur carrière » balance-t-il. (...)