Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
Rue 89
Maroc : vif débat après le suicide d’Amina, forcée d’épouser son violeur
Article mis en ligne le 18 mars 2012

(...) D’après le journal al-Masa’a, Amina avait été violée par un homme de 10 ans plus âgé qu’elle, alors qu’elle avait à peine 15 ans. Afin de préserver »l’honneur de la famille », le mariage d’Amina avec son violeur avait été arrangé. Ce mariage avait été approuvé par un juge.

Le même journal rapporte qu’Amina a avalé de la mort aux rats alors qu’elle se trouvait dans la maison de son mari (et donc de son violeur). Lorsque celui-ci s’est rendu compte que son état de santé se dégradait, il l’a traînée jusqu’à la maison de la famille de la jeune fille. Sur le chemin, il n’avait pas cessé de la battre, aurait confié Amina à sa famille, quelques heures avant de mourir.

L’histoire d’Amina a profondément touché et blessé les net-citoyens marocais

(...) En hommage à Amina, le blogueur marocain Mehdi B. Idrissi a écrit un billet intitulé Amina est mon Bouazizi. Il fait ainsi référence à Mohammed Bouazizi, le vendeur ambulant de Sidi Bouzid, en Tunisie, qui s’est immolé afin de protester contre les abus de la police, déclenchant ainsi une vague de manifestations qui a donné lieu à la révolution tunisienne et a provoqué la chute du régime Ben Ali.

L’acte désespéré de Bouazizi s’auto-immolant a changé la Tunisie, mais le suicide d’Amina changera-t-il la culture machiste au Maroc et chez ses voisins arabes ? (...)

Aux termes de la loi marocaine, le viol est puni de plusieurs années de prison en cas d’agressions sexuelles sur des mineurs. A moins que la victime et son agresseur se marient, ce qui le protège de poursuites judiciaires. Ce qui fut le cas avec le mari-violeur d’Amina

L’émotion au Maroc a forcé les politiques à s’exprimer sur la législation de protection des femmes. Fait rare : le gouvernement à majorité islamiste a largement consacré sa réunion hebdomadaire à l’examen de ce drame.

« Cette fille a été violée deux fois, la dernière quand elle a été mariée », a déclaré le porte-parole du gouvernement Mustapha El Khelfi.
(...)

La seule femme ministre du gouvernement islamiste, Bassima Hakkaoui, responsable du portefeuille de la solidarité, de la femme et de famille a reconnu un « vrai problème » et préconisé un « débat pour réformer cette loi », sur la chaîne de télévision publique 2M.

« C’est un cri de la société », a lancé une ex ministre, Nouzha Skalli, qui occupait le même poste dans le gouvernement précédent. Les deux femmes s’exprimaient sur la chaîne publique qui, fait rare, y consacrait jeudi la quasi totalité de son journal de la mi-journée.

Dans de nombreuses familles où le poids de la tradition et de la religion est très fort, la perte de la virginité hors du mariage est considéré un déshonneur pour la famille. Souvent, des arrangements sont trouvés, avec la contribution de la justice, pour que les filles violées épousent leur agresseur.

Le Maroc n’est pas le seul pays du Maghreb dans cette situation. En Tunisie et en Algérie également, si la victime épouse son violeur, celui-ci échappe aux poursuites.
(...)

Ebuzzing