
Le manque d’attractivité des métiers du travail social est actuellement dans toutes les têtes des décideurs et des employeurs qui peinent à recruter dans notre secteur. Comment comprendre ce phénomène au-delà la faible rémunération dans nos professions ? Un revenu décent correspondant au niveau de responsabilité est essentiel mais il ne suffira pas. Regardons aussi à travers la situation des assistantes sociales de secteur ce qu’il faut aussi améliorer.
Le travail de recherche du sociologue Nicolas Duvoux, intitulé « poser un regard différent sur le travail social » nous invite à y réfléchir. Il porte non seulement sur l’évolution des pratiques professionnelles des assistantes sociales de secteur, mais aussi sur la perte d’intérêt que représente la profession face à son déclin engagé depuis plusieurs années.
Il nous faut regarder cette étude à laquelle avait participé le sociologue pour le Département de Seine-Saint-Denis en décembre 2018. Ce travail visait à « analyser les perceptions, les pratiques et les relations aux usagers des assistant(e)s du service social départemental. Il s’agit d’interroger le sens, les finalités, les difficultés et les leviers dont disposent les acteurs du travail social aujourd’hui. Pas moins de six circonscriptions d’action sociale avaient été étudiées. (...)
Ce que disent les assistant(e)s de service social
Tous et toutes « constatent le recul des services publics avec la disparition des permanences de proximité ». Elles font suite à la dématérialisation des prestations délivrées par la CAF, la CPAM, la CNAV ou encore Pôle Emploi. (...)
Bien évidemment, ce mouvement général a eu d’autres conséquences. Les permanences des assistantes sociales ont été investies par des personnes qui par le passé ne venaient pas. Cela a provoqué un élargissement de leur intervention : les assistants sociaux estiment réaliser, auprès des publics ne maîtrisant pas l’écrit et/ou l’outil informatique, un travail de médiation administrative et numérique qui incombaient à leurs partenaires. Mais quand on est face à la perte de droits, il faut bien agir. (...)
Il faut toutefois tempérer cette vision. Plusieurs institutions sociales sont en train de réfléchir aujourd’hui pour réintroduire la dimension humaine et réinvestir des permanences, notamment certaines CAF Départementales et les CARSAT. (...)
Ce qui par le passé n’était pas urgent, l’est devenu
L’embolie liée au nombre de demandes, les suspensions de versement de prestations et les situations pour lesquels aucun dispositif ne répond ont provoqués de multiples tensions. (...)
Cette réalité où se succèdent des situations toutes aussi urgentes les unes que les autres embolise et désorganise le travail. Il renforce un sentiment de travail « bâclé » insatisfaisant, car ne répondant plus à l’idéal professionnel qui vise à intervenir en prévention pour permettre l’autonomie de la personne.
Cette réalité porte atteinte au moral des assistant(e)s de service social et contribue à la perte d’attractivité du métier.
Un idéal issu de « l’âge d’or » du service social
Nicolas Duvoux dans son étude fait référence à la perte que représente une époque révolue (...)
Ce travail s’appuyait sur un partenariat local fort. (...)
Or aujourd’hui, les tâches dites « administratives » se multiplient au point de donner l’impression que la mission première disparait. (...)
Nicolas Duvoux nous explique que « Une majorité d’enquêté(e)s évoquent les « pratiques oubliées » au sein de la profession d’assistant de service social. Parmi ces tâches en déclin, certain(e)s citent l’accompagnement des usagers au sein de divers services publics, administrations, associations, et à des sorties telles que des visites culturelles. (...)
On observe également au sein de certaines circonscriptions un déclin des actions collectives, des espaces de réflexion et des groupes d’échanges autour des pratiques professionnelles ». (...)
Quels sont les réels besoins des assistants sociaux ?
Le sens tant recherché permettant de tenir bon dans le respect de l’éthique professionnelle est mis à rude épreuve. (...)
Les encadrements ne sont plus techniques et se limitent souvent à du management de ressources humaines. (...)
Enfin, ils ont besoin d’espaces de réflexions et de marges de manœuvre, c’est dire d’autonomie pour rechercher avec les personnes qu’ils reçoivent des solutions qui ne passent pas par les dispositifs préétablis. Ce type de solution demande du temps. Il faut donc qu’ils puissent en disposer. (...)
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