
Ils nous ont englués
Dans les faux fuyants
Dans le chewing gum adipeux de leurs grands mots creux
Les scories de leurs orgies dont nous fûmes barbouillés
Comme on gave les oies
Leurs airs martiaux, leur gravité de grand- guignol, leur suffisante insuffisance,
Leur macabre pantomime, uniformes et bâtons
A l’assaut de crimes imaginaires une violence à balles réelles
Roulés dans les vagues d’un discours rendu fou
Pris dans les rotatives du rouleau compresseur médiatique,
Du papier vendu au kilo de mensonge
Qui veut être informé, déformé, transformé, c’est gratuit
Une louche de discours officiel, une cuiller à café de contestation, une tonne de réclame alléchante
Les côtelettes de porc sont bon marché chez Lidl, tournez manèges
Moi je préfère
Les sourires humains, la main de mon voisin
Dans ma main, surtout s’il est maghrébin,
Je préfère David à Goliath, David chante et danse il est petit et léger
Il est joyeux
Moi je préfère peu de discours et des mots justes
« La vérité est assise à côté d’une bougie »
Elle veille dans la nuit de nos peurs et chuchote à travers les baillons
C’est un ruisseau qui murmure et murmure
Et celui qui veut l’arrêter mourra de soif le pauvre
Mourra desséché, racorni, statufié, momifié
Moi je préfère le parfum des roses et celui des lilas
La vie d’aujourd’hui la paix et les nuages les merveilleux nuages lents et insaisissables
La feuille plus que le béton, le regard plus que la mâchoire
Je préfère la confiance, l’innocence, la légèreté
Partager mon manteau avec l’inconnu qui a faim et recevoir la chaleur du lien humain
Et, comme le Petit Prince, j’aime une fleur lointaine,
Je me méfie des « grandes personnes » surtout quand ce sont des petites personnes
Et je choisis résolument l’enfance éternelle