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Maltraitance dans les abattoirs : « L’État ne respecte pas sa mission de contrôle »
#abattoirs #souffranceanimale #L214
Article mis en ligne le 7 août 2023
dernière modification le 6 août 2023

Alors que l’État vient d’être condamné trois fois pour « carence fautive » dans son contrôle des abattoirs, l’association L214 réclame le respect des réglementations et une réflexion globale sur la production de viande.

L’État français est coupable de « carence fautive », car il n’a pas fait respecter les réglementations dans ses abattoirs. C’est ce qu’ont affirmé les tribunaux administratifs de Rennes, le 12 juillet — en se basant sur les cas du Centre d’abattage des dindes du Faouët (Morbihan), et de l’abattoir de Briec (Finistère) — et de Pau, le 20 juillet, pour l’abattoir du Pays de Soule (Pyrénées-Atlantique).

Au mois de mai, les juges du tribunal administratif de Montpellier avaient également rendu une décision similaire. Mais aucun changement n’est mis en place, dénonce Brigitte Gothière, cofondatrice de l’association de défense des droits des animaux L214, qui avait saisi la justice. (...)

Brigitte Gothière — Nous avons montré [en diffusant des vidéos filmées en caméra cachée] que des dysfonctionnements existaient dans ces abattoirs [ceux du Faouët, de Briec, du Pays de Soule et de Rodez]. C’était par exemple des postes d’immobilisation qui n’étaient pas aux normes, du matériel qui ne fonctionnait pas correctement, ou un comportement du personnel qui était inapproprié. Les abattoirs sont déjà des lieux de terreur et de souffrance terrible pour les animaux. Mais si en plus, la réglementation n’est pas respectée…

Or certaines de ces infractions avaient déjà été notées dans des rapports. (...)

Dans les cas de Rodez et de Briec, nous avons constaté en 2020 et 2021 les mêmes défauts qui étaient déjà soulignés dans les rapports de 2016. On a donc saisi la justice pour remettre en question le rôle des services vétérinaires de l’État.(...)

Dans les cas de Rodez et de Briec, nous avons constaté en 2020 et 2021 les mêmes défauts qui étaient déjà soulignés dans les rapports de 2016. On a donc saisi la justice pour remettre en question le rôle des services vétérinaires de l’État.(...)

L’État a une mission de contrôle, de suivi, dans les abattoirs. Des fonctionnaires de l’État — des vétérinaires et des agents vétérinaires — sont censés être présents en permanence pour s’assurer que la réglementation est respectée, sur le plan sanitaire comme sur les conditions de la mise à mort des animaux.

Certains se défendent parfois en disant qu’ils n’étaient pas là quand il y a eu des gestes inappropriés du personnel. Admettons. Mais un box d’immobilisation qui n’est pas aux normes, ça se voit ! Et rien n’a été mis en place pour changer la situation. (...)

Les tribunaux reconnaissent donc que l’État a failli à ses responsabilités. Il y a une condamnation à vous indemniser, mais pas d’obligation à agir. Qu’en pensez-vous ?

Ce n’est absolument pas suffisant. C’est fort symboliquement d’être condamné pour défaillances majeures dans une mission de contrôle. Mais ça n’a pas de conséquences. Il n’y a pas d’obligation derrière — bien que le tribunal administratif de Rennes affirme qu’il faudrait une obligation de résultat.(...)

« Qui peut contrôler l’État ? Les parlementaires »

Tous les abattoirs ont râlé, donc ça a été remplacé par un système de smileys, sur le site Alim’confiance. Des smileys ! C’est nul, mais c’est nul ! Quel âge a-t-on ? Est-ce qu’on est sur les réseaux sociaux ? On parle quand même de vérifications sanitaires et de condition animale !

Une autre chose à mettre en œuvre serait le droit de visite des parlementaires dans les abattoirs. Toutes ces décisions de justice montrent que l’État est défaillant. Donc qui peut contrôler l’État ? Les parlementaires.(...)

Il n’y a pas de volonté politique. C’est un vrai tabou aujourd’hui, alors qu’on sait que la production de viande crée une souffrance animale considérable, qu’elle a des conséquences sur l’environnement, sur la ressource en eau, sur la santé… Donc pourquoi on ne peut pas avoir un débat aujourd’hui sur la place de la viande en France ?(...)

On tue encore aujourd’hui trois millions d’animaux tous les jours dans les abattoirs français. C’est une cadence infernale. Même les derniers chiffres de la consommation de viande sont déprimants [1]. La situation demanderait une réponse forte, mais on sent qu’il n’y a pas de volonté de l’État d’aller là-dessus. Il défend des intérêts particuliers plutôt que l’intérêt général.(...)

Si on ne peut pas passer par des décisions de l’État, on peut porter des demandes auprès des entreprises. C’est peut-être par là qu’il faudra passer pour changer de modèle agricole, et de modèle alimentaire en France — ce qui est un aveu d’échec. Cela prouve une défaillance au plus haut niveau de l’État.