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Malformations, maladies, espérance de vie réduite : le calvaire des descendants de victimes d’essais nucléaires
Article mis en ligne le 14 décembre 2016

On connait les conséquences du nucléaire sur les travailleurs de l’atome ou sur ceux qui ont participé à des essais militaires. Un peu moins les impacts que subissent leurs enfants ou petits-enfants. Augmentation du risque de cancer, fausse couche ou stérilité, maladies rares, malformations : tels seraient les risques encourus par les descendants des victimes du nucléaire. L’une d’entre elles, dont le père a été irradié lors d’essais nucléaires à Reggane en Algérie, en 1960, nous raconte son quotidien et les risques qui pèsent sur la santé de ses enfants et des générations à venir. « Vivre avec cette épée de Damoclès au-dessus de nos têtes est pesant. Je ne sais pas de quoi je vais mourir, mais je sais que je vais mourir trop tôt. »

(...) Il s’agit de tous ces gens qui, comme moi, ont eu leur père ou leur mère exposé aux rayonnements ionisants lors des essais nucléaires. Tout comme moi, ils présentent des petits ou gros pépins de santé qui, pris isolément, ne veulent rien dire. Mais tous ces petits riens, cumulés, deviennent tout de suite plus suspects. Quand on voit les – ô combien trop rares – études portant sur le sujet, cela fait froid dans le dos ! Augmentation du risque de développer un cancer, fausse couche ou stérilité, maladies rares, malformations, j’en passe et des meilleures.
Effets transgénérationnels

Mon papa, appelé pendant la guerre d’Algérie, n’y peut rien. Il ne connaissait pas les effets sur la santé des irradiations qu’il a subies à Reggane, entre 1960 et 1961, lors des essais nucléaires en Algérie. Ni ses effets transgénérationnels. Lors du premier essai, la plaque de plomb qu’il portait pour se protéger a été insuffisante pour éviter que ses gamètes ne soient touchées. Lors du deuxième essai, il n’y avait plus de plaque de plomb mais juste une paire de lunettes pour douze soldats présents sur les lieux.

Je ne connais ces effets transgénérationnels que depuis peu, hélas. Sinon, j’aurais soigneusement évité d’avoir des enfants. (...)

Les descendants de vétérans doivent se fédérer

Viendra un jour où je devrai annoncer à mes enfants que leur espérance de vie est restreinte et qu’il vaudrait mieux songer à adopter, les problèmes de santé ayant la fâcheuse tendance à augmenter au fil des générations. Je souhaite de tout mon cœur que la situation évolue dans le bon sens, et que ce soit un médecin qui fasse cette annonce si déchirante pour une maman.

Mais pour que la situation évolue, encore faut-il qu’elle soit portée à la connaissance des descendants de vétérans, et qu’ils se fédèrent. C’est pour ça que j’ai souhaité faire la description d’une de mes journées, dévoiler un peu de mon intimité.

Et, me direz-vous, en quoi ce déballage peut-il bien vous concerner ? Imaginez un peu qu’un de mes enfants rencontre l’un des vôtres, qu’ils se mettent en couple et décident de fonder une famille… Ça y est, je vous sens plus concerné. Enfin, pour que la situation évolue, encore faudrait-il que l’État nous prenne en considération, et nous propose un suivi. Et que tous les descendants des vétérans des essais nucléaires aient connaissance des risques inhérents à l’irradiation de leurs parents.

Un problème majeur de santé publique serait ainsi – un peu – enrayé. Ce serait déjà ça.