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Ligue des Droits de l’Homme (LDH)
MRAP et LDH : lettre ouverte concernant les bidonvilles parisiens menacés de destruction
Paris, le 16 janvier 2017
Article mis en ligne le 13 février 2017

Madame la Maire, Messieurs les Préfets,

Nous tenons à vous faire part de nos plus grandes inquiétudes face à la situation des trois bidonvilles parisiens menacés d’une expulsion imminente, qui concernent environ 600 personnes dont 150 enfants. Aujourd’hui les services de l’État et les municipalités se livrent au jeu inique et sans fin du déplacement du problème. Il est temps d’y mettre un terme.

Chaque expulsion sans solution durable est un drame humain pour les familles qui, pour éviter de dormir dans les rues, sont forcées de trouver, en urgence, d’autres abris de fortune sur un nouveau terrain. Les expulsions à répétition les fragilisent encore davantage, socialement et économiquement, empêchant également un accès pérenne à l’école pour les enfants.
Non seulement ces expulsions n’apportent aucune solution, mais de plus elles sont, à terme, plus onéreuses que des solutions de constructions innovantes.
Face à la réapparition des bidonvilles en France depuis 25 ans, qui concerneraient environ 20 000 personnes, la réponse des pouvoirs publics a été et reste inappropriée. Au lieu de construire afin de répondre à la demande de logements, les responsables politiques ont, dans un premier temps, préféré pratiquer le déni du problème. Dans un second temps ils ont lancé des campagnes ignobles à caractère raciste, ethnicisant le problème et faisant des Roms de trop faciles boucs émissaires, pour pratiquer une politique de destruction massive de leurs lieux de vie. Pas plus aujourd’hui qu’hier le problème des bidonvilles n’a fondamentalement un caractère ethnique.
La réapparition des bidonvilles n’est que la pointe émergée de l’iceberg du mal-logement en France (...)

Une politique du logement qui n’oublie personne est nécessaire et possible. Des solutions immédiates, transitoires ou pérennes, existent. Architectes et coopératives de l’économie sociale et solidaire en proposent depuis plusieurs années. (...)

Dans l’immédiat, nous vous demandons de surseoir à toute expulsion et d’appliquer le délai de six mois figurant dans le jugement du Tribunal de grande instance de Nanterre du 4 janvier 2017 afin de réaliser le diagnostic social et l’accompagnement prévu par la circulaire du 26 août 2012. Une sécurisation (accès à l’eau, à l’électricité, ramassage des ordures, pose de sanitaires et d’extincteurs) est nécessaire durant cette période.
(...)