
Depuis le 11 octobre, le quartier de la plaine à Marseille est engagé dans une séquence décisive de sa bataille pour un quartier vivant et populaire. Une bataille contre la soleam (société locale d’équipement et d’aménagement de l’aire métropolitaine) qui veut s’approprier la place. La plus grande place de la ville. Dans le projet de la soleam la place sera tissée de caméras de vidéosurveillance et de commerces pour une autre population que celle du quartier. C’est que la soleam rêve d’une autre ville avec d’autres habitants.
[Alors que nous nous apprêtions à boucler l’édition de ce lundi, on nous informait qu’enfin, le mur infâme avait commencé à s’effondrer, le mistral aidant. Nous vous invitons donc à lire cette dernière lettre aux élus publiée in extremis. Pour davantage de contextualisation sur la lutte en cours autour du quartier de la Plaine, relire notre article du 15 octobre : Le vol noir des corbeaux sur la Plaine et écouter les lettres précédentes de la Plaine ici et là.]
[On nous signale à l’instant que deux soirées de soutien à la Plaine sont annoncées à Montreuil, à 19h lundi 5 novembre à La Parole Errante et mercredi 7 novembre à 20h à Dar Lamifa à Marseille.] (...)
À Marseille un capitalisme du tourisme, un copié-collé de Barcelone. La requalification de cette place s’inscrit dans la reconquête du centre ville voulue par la mairie à coup de millions d’euros et en coordination avec Euroméditerranée qui à déjà démontré sa capacité à s’approprier des quartiers entiers. Déjà la plaine a perdu son marché, le plus grand marché de la ville, qui faisait venir au quartier une population des quatre coins de Marseille. Déjà la plaine a perdu des arbres. Certains abattus par erreur, tous abattus par bêtise. Pour être remplacés. De même que les gens. Abattus alors que sains ou malades. Mais là, existants. Existants avant le projet, n’entrant pas dans la dite requalification de la place (...)
Débordée par la résistance au chantier, la soléam aidée de CRS installent le 30 octobre un mur de Béton de 2m50 de haut tout autour de la place. Le mur du Mépris. Mais ce faisant, elle ne fait que démontrer sa défense des intérêts financiers de quelques uns, elle rapproche la ville de Marseille des régimes autoritaires, et elle entraînera dans sa chute bien plus qu’elle même. Car il faut le redire encore, ce chantier est impossible. Des soutiens, chaque jour plus nombreux et multiples se manifestent y compris de la part d’urbanistes et d’architectes qui rejettent cette manière autoritaire de faire la ville. Et ailleurs dans d’autres villes, d’autres soleam sont confrontées au même refus. Le refus du couple aménageur-promoteur qui privatise les villes, et chasse les plus pauvres.
L’enjeu de cette bataille de la Plaine est double : l’arrêt définitif des travaux voulus par la soleam et la mise en place d’un processus réellement collectif avec tou·te·s celles·eux qui vivent cette place, pour imaginer une autre rénovation. Le message adressé par la bataille de la plaine contre la soleam peut se dire ainsi : désormais chaque mètre carré sera défendu ici comme ailleurs