Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
blogs de Médiapart/ Marche des Solidarités - D’où que l’on vienne, où que l’on soit né·e, Notre pays s’appelle Solidarité
Loi Darmanin : le deuxième front
#immigration #retraites #marchedessolidarites
Article mis en ligne le 9 février 2023
dernière modification le 8 février 2023

Dans le texte qui suit, Anzoumane Sissoko et Denis Godard défendent l’idée que le deuxième front ouvert par le gouvernement sur l’immigration n’est pas une diversion. Et que le mouvement sur les retraites a tout à gagner à articuler le combat sur les deux fronts. Et aurait beaucoup à perdre en ne le faisant pas.

Le 1er février, en plein conflit sur les retraites, Gérald Darmanin a présenté le projet de loi immigration au Conseil des ministres. Et confirmé que ce texte déjà infâme… allait encore être durci.

La convergence des agendas n’a rien du hasard. Et au-delà du cynisme des manœuvres politiciennes vis-à-vis de la droite, la combinaison de ces deux lois (mais aussi des attaques sur le logement ou sur les assurances chômage) a une logique globale. (...)

Pas une diversion

Ce n’est pas une diversion pour les migrantEs et Sans-Papiers tant le projet de loi renforce leur criminalisation (inscription au fichier des personnes recherchées, légalisation de la prise d’empreintes de force, systématisation des OQTF et des IRTF).

Ce n’est pas une diversion pour les millions de travailleurs et travailleuses étrangerEs, avec ou sans papiers, dont les titres de séjour, raréfiés, seront encore plus précaires, ouvrant à des droits plus limités et susceptibles d’être remis en cause au bon vouloir de l’arbitraire étatique et policier. ( https://antiracisme-solidarite.org/argumentaire-contre-la-loi-darmanin/ )

Mais ce n’est pas une diversion aussi parce que, au-delà des nouveaux reculs pour nos libertés à tous et à toutes que porte ce projet, sa logique nourrit celle qui est portée par l’attaque sur les retraites.

Alors, s’il l’emporte à l’issue de la séquence actuelle, le pouvoir aura mis en place une société encore plus fracturée, atomisée et raciste soumise à un Etat fort brisant toute notion de solidarité.

Et nous savons bien que des retraites à l’accueil des migrantEs, en passant par l’hôpital ou l’école, les arguments sur le manque de moyens sont de simples mensonges. (...)

Le 6 décembre dernier, à propos de son projet de loi, Gérald Darmanin dévoilait le fond de la logique du gouvernement : « on veut ceux qui bossent, pas ceux qui rapinent ».

Il visait bien sûr d’abord les étrangerEs présentéEs, dans un registre ouvertement raciste, comme délinquants potentiels, profiteurs d’allocations… Mais la simplicité populiste de la formule porte bien plus loin.

C’est à cela que voudraient nous réduire Darmanin et Macron : bosser ou rapiner. Si tu ne bosses pas, tu rapines. Si tu ne veux pas être dans la catégorie « rapine » il faut bosser. Et il suffit de traverser la rue pour pouvoir « bosser ». Bosser jusqu’au tombeau, bosser dans n’importe quelles conditions (celles des patrons), à n’importe quel prix.

Et si tu n’acceptes pas, alors ça veut dire que tu rapines. Le crime ce n’est pas de tuer ou de violer, c’est de bénéficier des allocations chômage ou de la retraite ou du droit à un salaire décent. Le crime c’est l’idée même de solidarité. (...)

Alors, avec l’attaque sur les retraites, sur l’assurance chômage, contre les immigréEs, l’Etat veut forcer les séniors, les chômeurs et chômeuses, les bénéficiaires du RSA et les étrangerEs à « bosser » à ces conditions. Avant de généraliser ces conditions pour touTEs.

Celles et ceux qui ne veulent pas ? Qui exigent l’égalité des droits, des revenus décents, de meilleures conditions de travail ? Ce sont celles et ceux qui « rapinent ». Celles et ceux dont « on » ne veut pas.

Il nous prend pour des "on"

Le « on » de Darmanin est volontairement indéfini mais porte tout le venin idéologique de la politique du pouvoir. Il dit « viens faire partie de notre « on », celui du pouvoir, des riches et des patrons. Qui masque sa réalité de classe derrière la nation, la patrie, les « valeurs » de la République. (...)

Sur la question des retraites, pour l’instant, Macron, Borne et Darmanin, n’ont pas réussi à prendre la majorité d’entre nous pour des « on ». Pour l’instant. Il n’est pas sûr que ce soit le cas sur la question de l’immigration.

Mais si nous n’arrivons pas à briser ce « on » de Darmanin, raciste, nationaliste, il nous reviendra comme un boomerang cassant toute possibilité de faire triompher dans la lutte et par la lutte nos conceptions de solidarité. Condition pourtant nécessaire pour gagner, sur les retraites comme sur la loi Darmanin.

Unité et solidarité

Des centaines de collectifs, associations, syndicats ont signé un texte commun contre la loi Darmanin, Uni.e.s contre l’immigration jetable. Il faut rejoindre cette dynamique, en nourrir le mouvement de lutte actuel.

Mais les tribunes et appels ne suffiront pas. Il faut que cela se traduise par des mobilisations concrètes. Tout comme la victoire sur les retraites ne gagnera pas uniquement par des sondages d’opinion, la victoire contre la loi Darmanin ne sera possible que par une mobilisation active et visible de millions d’entre nous.

Ces victoires nécessitent une unité qui ne peut être soudée que par la démonstration active de la solidarité : FrançaiSEs, ImmigréEs, Même Macron, même combat. Pour défendre nos retraites et contre la loi Darmanin.

Nous, avec la Marche des Solidarités, avec les collectifs de Sans-Papiers, sommes partie prenante de la lutte pour défendre nos retraites et tous nos droits dans nos quartiers, nos écoles, elles de nos enfants, sur nos lieux de travail.

Nous nous adressons, ici, à toutes celles et ceux qui sont mobiliséEs sur les retraites, et notamment les membres des organisations syndicales, les assemblées locales, les Interpros...

Portez, construisez, participez à la lutte contre la loi Darmanin. Faites-en un enjeu du mouvement actuel. (...)

Des premières journées nationales de mobilisation sont appelées contre la loi Darmanin, appelées par le cadre de l’Ucij, le 18 février (sur la question des politiques d’expulsion et d’enfermement) et le 4 mars sur tout le territoire.

Nous préparons une journée nationale le 25 mars - contre le racisme et contre la loi Darmanin - avec des manifestations régionales dans toutes les grandes villes du pays à l’occasion de la Journée internationale contre le racisme.