
J’ai bientôt 70 ans , 40 années dans l’aéronautique, 15 comme commandant de bord, 14500 heures de vol. Je ne connais pas tous les aéroports du monde mais j’en connais beaucoup,franchement beaucoup.Néanmoins , si je veux comprendre quelque chose dans cette polémique , je dois faire comme tout le monde : procéder par comparaisons.
On me dit que l’aéroport de Nantes est dangereux car les avions passent sur la ville. Ah bon ! j’ai passé ma vie de pilote à survoler des agglomérations à basse altitude ,tant au décollage qu’à l’atterrissage , avec des procédures spécifiques à chaque endroit . Ici il faut virer sitôt l’attitude de sécurité atteinte, là il faut réduire la puissance, ailleurs c’est la pente qui est réglementée… Bref, je ne veux pas trop m’étendre sur les détails techniques mais les aéroports où les pilotes sont peinards et peuvent gérer les approches et les décollages comme bon leur semble sont rares. Aussi rares que les villes non survolées par les avions. Je connais Nantes pour avoir pratiqué cet aéroport plusieurs fois par semaine il y a quelques années et n’ai pas souvenir de spécificités particulières. Si on reconnaît Nantes dangereux , il faut interdire plusieurs milliers d’aéroports dans le monde et commencer par rayer de la carte celui de Chambéry. (...)
Si on considère maintenant l’autre volet de l’affaire, c’est à dire l’augmentation de l’activité, on va se retrouver encore une fois dans les arguments spécieux et délirants. On me dit que cet aéroport avec ses 3,5 millions de passagers en 2011 se trouve « à l’étroit » et qu’il faut prévoir l’avenir. On voudrait me faire croire que cette infrastructure arrive à saturation. C’est vrai que le chiffre ne me parle que si je compare, autrement je suis prêt à croire tout ce que l’on me dit.
Lors de l’éruption volcanique islandaise de l’année passée, Nantes qui était hors zone, a multiplié son trafic par trois pendant plusieurs jours , et tout s’est très bien passé. Les aéroports de la taille de Nantes sont les plus nombreux et il suffit de comparer avec d’autres pour se rendre compte de l’importance des balivernes prononcées sur le sujet. (...)