
Chers riverains, je rentre d’un séjour de « terrain » dans les zones « libérées » d’Alep, soit les secteurs tenus par la révolution depuis près d’un an, dans la métropole du nord de la Syrie.
L’enlèvement, le 6 juin 2013, de deux journalistes d’Europe 1, mon ami Didier François et le photographe Edouard Elias, a rendu ce type d’enquête encore plus périlleux. J’ai pour ma part choisi l’immersion dans la résistance civile, plutôt que la « protection » par tel ou tel groupe armé.
Il est 14 heures en ce 27 juillet et, à ma connaissance, pas un organe de presse occidental n’a encore rapporté le massacre de cette nuit à Alep.
Il est vrai que, ce samedi matin, deux nouveaux raids aériens ont frappé deux autres quartiers d’Alep, Bustan al-Qasr et Maadi.
Alors que l’on ne nous parle plus de ce « monde transparent », de cette « conscience universelle », de « l’impossibilité pour un dictateur de massacrer aujourd’hui son peuple ». Qu’on ne nous en parle plus, car Bachar al-Assad le fait depuis 28 mois, et il s’en porte très bien.
Durant l’été 2012, j’avais eu le triste privilège d’annoncer, à vous riverains, un massacre de civils en cours à Daraya, dans la banlieue de Damas.
Le carnage n’avait fait que quelques lignes dans nos quotidiens. La Syrie nous lasse, elle nous fatigue. Nous avons tellement hâte qu’elle disparaisse de notre horizon que certains en viennent à souhaiter, de moins en moins discrètement, que Bachar écrase ses opposants une fois pour toutes. Et qu’on n’en parle plus.
Cela ne sera pas, car les révolutionnaires de Syrie sont allés trop loin pour jamais reculer. Ni les Scud, ni les gaz ne parviendront à les briser. (...)