
En plus d’être des réservoirs de biodiversité, les zones humides tempèrent les sécheresses et les inondations. Pourtant, elles sont en grand danger d’artificialisation. Alors que se déroule ce samedi la Journée mondiale des zones humides, Reporterre revient les propositions ambitieuses de deux parlementaires pour enrayer la tendance.
Au XVIIIe siècle, on nommait « maraîchers » ces jardiniers qui cultivaient des légumes dans les marais, là où l’eau était abondante et les sols riches. Plus loin encore de nous, les hommes du début du Néolithique ont inventé l’agriculture en Mésopotamie, littéralement « la terre entre les fleuves ». C’est dire combien l’histoire de l’humanité se trouve liée aux zones humides.
Pourtant étangs, mares, tourbières, mangroves ou prairies humides ont été affligés pendant plus de 2.000 ans des pires malédictions, répulsions et craintes. Dénigrées, ces zones marécageuses ont ainsi été dévastées : il fallait les assécher, les maîtriser à tout prix. Tant et si bien que, selon une étude du Programme des Nations unies pour l’environnement (Pnue), 87 % des ressources issues des zones humides ont été perdues depuis le début du XVIIIe siècle à l’échelle mondiale. Et la tendance n’est pas au ralentissement (...)
« La dégradation reste galopante, et on en connaît les causes, que sont principalement l’artificialisation et le drainage. Il est donc urgent d’agir », affirme Frédérique Tuffnell. Avec le sénateur Jérôme Bignon (Les Indépendants – République et territoires), la députée En marche de Charente-Maritime a remis, lundi 28 janvier, un rapport intitulé « Terres d’eau, terres d’avenir », au ministre de la Transition écologique, François de Rugy. Ce rapport, que Reporterre a pu consulter, devrait être prochainement publié. (...)
Pourquoi ces zones humides longtemps délaissées suscitent-elles aujourd’hui l’intérêt des décideurs ? « Elles nous rendent énormément de services, notamment pour faire face au changement climatique », répond Mme Tuffnell. Pour capter le carbone, les zones humides sont en effet au moins aussi efficaces que la forêt. (...)
Non contentes de séquestrer du CO2, elles jouent un rôle d’éponge salvateur lors des inondations. (...)
Les super pouvoirs des terres d’eau ne s’arrêtent pas là. « Quand la chaleur et le soleil assèchent les cours d’eau, les zones humides vont lentement libérer leurs eaux, explique France Nature Environnement dans un document explicatif sur le sujet. Elles vont alors alimenter les nappes souterraines et les cours d’eau. »
« Il faut donc changer notre vision, car ces zones vues comme saumâtres et maléfiques sont des atouts précieux pour l’avenir, affirme Mme Tuffnell. À condition de les préserver et de les restaurer. » (...)
« Il faut repenser la ville de façon à garder ces zones, et construire différemment » (...)
À ces dispositions réglementaires s’ajoutent l’idée d’appel à « projets terres d’eau ». À l’instar des projets de territoire développés autour des retenues d’eau, ils devraient mettre tous les acteurs autour de la table pour préserver ces milieux fragiles. Toutefois, comme l’avait raconté Reporterre, ces dispositifs se sont révélés bien souvent inefficients, du fait d’une trop grande conflictualité entre acteurs locaux. (...)
Reste à savoir ce que le gouvernement fera de cet ambitieux rapport (...)