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Attac 33
Les vrais fauteurs de troubles
Article mis en ligne le 10 novembre 2013

Déjà une trentaine de bornes et portiques écotaxes détruits ou sérieusement endommagés et, confronté à cette fronde, l’Etat semble faire preuve d’une retenue et d’une mansuétude singulièrement inhabituelles. En Bretagne, principale région touchée par cette rébellion fiscale, les préfets condamnent « les actes de sabotage » mais sont « toujours dans une phase de dialogue et d’explication ».

Il y a très exactement cinq ans, en novembre 2008, de jeunes alternatifs de Tarnac, paisible localité corrézienne, étaient désignés à la vindicte populaire par la ministre de l’Intérieur de l’époque, Michèle Alliot-Marie, et jetés en prison, soupçonnés de sabotage d’une ligne caténaire TGV. Julien Coupat, le chef de bande, passa plus de 6 mois derrière les barreaux , mis en examen pour « direction d’une association de malfaiteurs et dégradations en lien avec une entreprise terroriste » avant d’être libéré et placé sous contrôle judiciaire. 

Parfois, l’Etat français ne badine pas avec la contestation violente ou présumée telle. Mais, face aux bonnets rouges qui défient ouvertement l’Etat en annonçant d’autres manifestations et en lançant des ultimatums, le gouvernement suspend l’écotaxe et vante les mérites du dialogue

Les casseurs de la FNSEA et du MEDEF sont traités avec bienveillance car ce sont finalement des tenants d’un ordre qu’ils ne remettent pas fondamentalement en cause. Leur colère et le désordre momentané qu’elle engendre est provoquée par la frustration, par la crainte de ne plus profiter d’un système économique dont ils ont largement tiré parti.

Ces chefs d’entreprises, ces agriculteurs de la FNSEA ( qui se considèrent d’ailleurs aussi comme des chefs d’entreprise), ces partisans de l’économie libérale, aspirent à maintenir la compétitivité du « modèle breton » en empochant au passage les aides de l’Etat et de l’UE mais en s’exonérant de toute responsabilité et de tout effort pour la collectivité. Ils veulent continuer à croître, à grossir, gavés, sous perfusion - notamment par le mécanisme des restitutions à l’exportation pour les industriels de l’agroalimentaire- et, habitués aux subventions, ne supportent pas l’idée de l’impôt, notamment écologique.

En 2008, l’Etat était menacé par de dangereux alternatifs, terrés dans leur repaire, une épicerie de village, et qui prônaient la frugalité et la sortie de la société de consommation. Aujourd’hui, les « bonnets rouges » bretons sont finalement de bons soldats du libéralisme à la française.

Entre des décroissants fanatiques et des patrons avides de croissance, de profits et d’exonérations de charges, l’Etat libéral sait reconnaître ses sujets ; la terreur ne peut venir que d’un camp. (...)