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Les villes slovènes championnes du zéro déchet
#Slovenie #zeroDechet
Article mis en ligne le 9 décembre 2022
dernière modification le 8 décembre 2022

Les villes slovènes de Bled et Gorje ont mis en place une politique volontariste de tri des déchets. Un engagement institutionnel qui place ces stations touristiques à l’avant-garde européenne du zéro déchet.

Les villes slovènes de Bled et Gorje ont mis en place une politique volontariste de tri des déchets. Un engagement institutionnel qui place ces stations touristiques à l’avant-garde européenne du zéro déchet. (...)

« Quand des poubelles ne sont pas correctement triées, je m’énerve et on retrouve le coupable. Je l’appelle ou je le convoque à mon bureau », affirme Janez Resman. Le directeur de l’entreprise publique de gestion des infrastructures et de collecte des déchets des villes de Bled et Gorje, en Slovénie, prend son rôle très à cœur.

Il sort de son placard un gros dossier rempli de « preuves » laissées par les fautifs : des factures de téléphone, d’électricité ou d’autres papiers avec le nom dessus. « Les éboueurs sont aussi des inspecteurs et ils retrouvent presque tout le temps des données personnelles des mauvais trieurs », poursuit-il. Après quelques avertissements, les particuliers peuvent recevoir une amende de 400 € (1 400 € pour les entreprises). (...)

Avec sa politique, les deux municipalités voisines sont parvenues à un taux de tri estimé entre 75 et 80 %, pour environ 11 000 habitants. Entre 2008 et 2021, la quantité de déchets résiduels [1] annuels est passée de 3 à 1,3 t, tandis que la quantité de déchets totale est restée stable, malgré l’augmentation de la population. Grâce à ces résultats, elles furent les deux premières villes en Europe à décrocher la certification Zero Waste City, en avril 2022. Elles ont obtenu deux étoiles sur les cinq possibles. (...)

« Ça nous motive à faire plus et à poursuivre nos politiques », dit Jožica Peljhan, associée de l’entreprise publique de collecte des déchets (Infrastruktura) et à l’initiative de l’engagement zéro déchet. Jaka Kranjc, secrétaire général de l’association Ekologi brez meja (Ecologie sans frontières), opine. L’ONG est partenaire du réseau Zero Waste Europe, qui distribue les certifications Zero Waste City (via un audit indépendant), et accompagne les municipalités en Slovénie dans ce parcours. (...)

La Slovénie figure généralement à la troisième place des classements européens en la matière, derrière l’Allemagne et l’Autriche. Alors, comment expliquer que cette ancienne république socialiste yougoslave, intégrée à l’Union européenne en 2004, soit devenue un tel modèle ? (...)

Jaka Kranjc avance plusieurs explications. La Slovénie a mis en place une série de politiques ambitieuses, poussées par son intégration à l’Union européenne. Plusieurs de ses décharges ont dû fermer, par exemple. En 2011, le pays a imposé la collecte distincte des matières organiques, qui ont cessé d’être mélangés aux déchets résiduels. Jaka Kranjc explique également qu’un projet d’ouverture de 20 centres de traitement des déchets a capoté, en raison de délai de construction et de surcoûts importants pour les premiers.

« Résultat : la Slovénie s’est retrouvée avec une capacité de traitement des déchets résiduels limitée et aucun financement pour cela. Cela a poussé à se concentrer sur l’optimisation et la sensibilisation à la réduction des ordures », raconte le secrétaire général d’Écologie sans frontières. Enfin, plusieurs municipalités se sont fortement engagées en la matière, donnant l’exemple. (...)

L’aspect répressif, évoqué précédemment, n’est qu’une petite composante de leur politique zéro déchet. Ils ont notamment mis en place le système nommé « paie autant que tu jettes ». Tous les ménages paient pour une collecte mensuelle des déchets résiduels. La seconde, sur demande, entraîne un surcoût.

Le tri est très complet : au total, il y a 32 catégories. Plastique, papier, déchets biodégradables du jardin, de la cuisine, verre, jusqu’aux encombrants. « Ce n’est pas compliqué, les gens sont suffisamment matures pour comprendre qu’il ne faut pas jeter ses déchets n’importe où », estime Ela, habitante de Bled âgée de 20 ans. (...)

Ainsi, en découvrant le concept de zéro déchet en 2017, Katarina Strgar et son mari ont décidé de transformer leur hôtel, Ribno, et leurs logements « glamping » [2], situés à quelques minutes en voiture du centre de Bled. Ils sont ainsi devenus le premier complexe certifié zéro déchet en Slovénie. (...)

Car, comme le dit Janez Resman, « le plus gros problème à Bled ce sont les touristes ». Grâce à son magnifique lac glaciaire et son île, la bourgade attire en moyenne un million de visiteurs par an, avec un gros pic l’été. Or, beaucoup viennent à la journée et leurs comportements sont difficiles à influencer. Ils représentent la majorité des déchets non triés.

Des consignes en trois langues (...)

Du côté de la municipalité de Ljubljana, la capitale slovène, la stratégie zéro déchet a été englobée dans le projet plus large d’économie circulaire. Quatre priorités ont été identifiées : les emballages et le plastique à usage unique, le gaspillage alimentaire, le textile et les équipements électroniques. Pour chacun d’entre eux, la municipalité a développé des stratégies pour mieux les utiliser, les recycler, les réutiliser et pour réduire leur consommation. Car le recyclage, qui comporte des limites, n’est pas la panacée. (...)

Cette politique doit transformer en profondeur les chaînes de valeurs. (...)