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Les villes réfléchissent à rendre les rues aux piétons... et à la marche
Article mis en ligne le 15 juin 2020
dernière modification le 13 juin 2020

Voies piétonnisées, élargissement des trottoirs... Les initiatives en faveur de la marche se multiplient dans les villes françaises et étrangères. Associations et urbanistes espèrent que les mesures de distanciation pourront donner un nouvel élan à cette pratique, et bousculer le monopole de l’automobile en ville.

Le vélo connaît un nouvel âge d’or depuis le début du déconfinement. En France, son usage a augmenté de 44 % dès la première semaine de déconfinement, selon l’association Vélo et territoires. À Paris, Calgary, Bogotá, Mexico ou Berlin, des centaines de kilomètres de pistes cyclables ont été aménagées en urgence afin d’éviter un retour massif de la voiture en ville. La marche à pied, autre moyen de transport écologique, pourrait-elle également bénéficier de ce nouvel état d’esprit ?

« Le déconfinement représente une opportunité de développer la marche en ville d’abord parce que nous avons besoin de place pour nous distancier physiquement », analyse Paul Lecroart, urbaniste à l’Institut Paris Région. Plus globalement, la crise pourrait également être une occasion de « changer de paradigme et de manière de concevoir nos mobilités et nos modes de vie ». (...)

Depuis le début de la crise sanitaire, de nombreuses villes ont mis en place des aménagements afin de soutenir le développement de la marche à pied en parallèle de celui du vélo, et réduire ainsi le risque de contamination dans les transports en commun. À Lille et à Lyon, des voies auparavant réservées aux voitures ont été piétonnisées. Certains trottoirs ont également été élargis afin de faciliter la distanciation physique. À Strasbourg, Cannes et Rennes, des « zones de rencontre » ont été créées dans le centre-ville. La vitesse y est limitée à 20 km/h, et les piétons y disposent d’une priorité absolue. À l’étranger, les mairies de Bruxelles, Montréal, Oakland, Milan et Athènes ont également adopté des plans piétons afin d’accompagner le développement de cette pratique. (...)

« Le piéton n’est pas comme le cycliste, il ne se gère pas comme un flux, confirme Cédric Boussuge, chargé d’études espaces publics et marche au Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement (Cerema). Beaucoup d’importance doit être accordée à son confort. S’il n’y a pas de commerce, d’ombre ou d’animation, les piétons n’utilisent pas ces espaces. L’enjeu est de faire de ces endroits des espaces ludiques et confortables, où les gens se sentent à l’aise. » L’urbaniste Anne Faure renchérit :

« Les piétons ne font pas que circuler, ils séjournent. Ils ont besoin de bancs, de toilettes et de points d’eau pour s’approprier la ville. »

« Les villes doivent prendre en compte les besoins des personnes âgées, en fauteuil, malvoyantes »

Développer la marche en ville ne peut donc se réduire à agrandir des trottoirs : il s’agit de de repenser l’espace des villes comme des lieux favorables à la santé, au confort, à l’épanouissement de la vie humaine et à la biodiversité, selon Paul Lecroart. (...)

La piétonisation des villes doit également prendre en compte les besoins des personnes à mobilité réduite. (...)