
Cette situation a certes changé le climat dans le monde arabe, mais les révolutions ne se copient pas. Chaque société a sa propre cartographie. Cela dit, des éléments essentiels sont partagés par la plupart des pays arabes, surtout la Tunisie, l’Algérie et l’Egypte. Il s’agit du monopole du pouvoir, de la corruption et de l’atteinte aux valeurs de l’identité nationale. Il y a aussi une espèce d’allégeance aux Etats-Unis. Cela est perçu comme une provocation par les populations. (...)
Les tyrans sont plus faibles qu’on le pensait. Et les gens sont plus forts qu’ils le pensaient ! (...)
En Tunisie, l’oppression était idiote puisqu’elle a fermé tous les espaces d’expression. En Egypte, vous pouvez dire tout ce que vous voulez, mais eux font ce qu’ils veulent. Des paroles qui ne changent pas grand-chose. Il s’agit plus d’une liberté de crier que de s’exprimer. Les véritables libertés doivent aboutir à trois choses : participer, rendre des comptes et alterner. Sans cela, on n’aura en face qu’un décor démocratique.
Il est devenu facile de falsifier la démocratie en offrant les cadres et en vidant les fonctions. (...)
Le combat doit aboutir au changement du pouvoir, mais également au renforcement de la société. Les syndicats égyptiens étaient bloqués par une loi qui a compliqué les procédures d’élection des responsables. Il a fallu beaucoup de luttes pour amender cette loi. La défense des institutions et du dynamisme de la société doit bénéficier du même enthousiasme que celui visant à changer le régime politique. S’il n’y pas d’instruments pour cela, l’alternative sera l’armée, alors que la population veut autre chose que les militaires au pouvoir (…). (...)