
La bâche de chantier qui enveloppera le Panthéon de Paris à partir du 3 juin ne sera pas publicitaire, mais artistique. Cette décision courageuse ne doit pas faire oublier qu’il s’agit d’une exception : le Code du patrimoine autorise l’invasion de publicités géantes sur les monuments classés.
En rupture complète avec ce que stipulait jusqu’alors le code de l’environnement, le Code du patrimoine a instauré (loi du 21-12-2006 et décret du 24 mai 2011) la possibilité d’installer des publicités pouvant atteindre plusieurs centaines, voire milliers de mètres carrés, sur les échafaudages érigés en vue de réaliser des travaux extérieurs sur des immeubles classés ou inscrits.
Les conséquences de cette mesure sont effarantes sur le paysage. Ses effets pervers sont terrifiants puisque, désormais, ce sont précisément les lieux d’interdiction absolue de la publicité, en l’occurrence les monuments classés, qui sont devenus les supports publicitaires les plus convoités par les afficheurs.
"Le besoin de ressources ne justifie pas qu’on fasse n’importe quoi"
En attendant, Paysages de France observe que Philippe Bélaval, président du Centre des monuments nationaux, a décidé que la bâche de chantier qui enveloppera le Panthéon (Paris) à partir du 3 juin 2014, pour un an et demi, ne sera pas publicitaire, mais artistique. (...)
Philippe Bélaval a ainsi publiquement et spectaculairement reconnu que l’affichage publicitaire commercial était incompatible avec la notion de respect. En l’occurrence le respect dû « aux grands hommes » (le frontispice du monument porte la célèbre inscription : « Aux grands hommes, la patrie reconnaissante »).
Que l’affichage publicitaire étalé sur la façade d’une nécropole soit synonyme d’un manque absolu de respect, tout le monde le comprend. La publicité est d’ailleurs interdite par le code de l’environnement sur les murs des cimetières...
Mais alors, qu’en est-il du respect dû aux vivants, qui, eux, subissent réellement et quotidiennement, parce qu’ils les voient et les reçoivent, les « coups de poing atroces » (Michel Serres, de l’Académie française) de telles publicités ? (...)
Il faut abroger l’article L. 621-29-8 du code du Patrimoine (...)
Et rendons-nous le 3 juin au pied du Panthéon pour applaudir. (...)