
Les femmes ne pouvaient déjà plus, depuis décembre 2022, être employées par des associations humanitaires, mais jusqu’à aujourd’hui, les employées des Nations unies étaient épargnées par ces mesures.
(...) Une décision « inconcevable » qui risque d’entraver les opérations humanitaires : l’ONU a dénoncé, mardi 4 avril, l’interdiction faite aux Afghanes, par les talibans, de travailler pour les Nations unies.
La mission des Nations unies en Afghanistan (Manua) avait annoncé plus tôt dans la journée que ses employées afghanes, jusqu’ici épargnées par ces mesures restrictives, avaient été empêchées de travailler dans la province de Nangarhar, dans l’est du pays. (...)
« Pour le secrétaire général, une telle interdiction serait inacceptable et franchement inconcevable », a insisté Stéphane Dujarric, dénonçant une tendance à « saper les capacités des organisations humanitaires d’aider ceux qui en ont le plus besoin ». « De façon évidente, étant donné la société et la culture, nous avons besoin des femmes pour distribuer l’aide humanitaire aux femmes », a souligné le porte-parole.
Même si l’ONU analyse pour l’instant l’impact sur ses opérations, « il est très difficile d’imaginer comment distribuer de l’aide humanitaire sans notre personnel féminin », a-t-il martelé, soulignant que 23 millions d’hommes, de femmes et d’enfants sont concernés par l’aide humanitaire.
Contacté par l’Agence France-Presse, après le tweet de la Manua concernant la province de Nangarhar, le porte-parole du gouvernement, Zabihullah Mujahid avait dit se renseigner sur ce qui s’était passé. (...)
Trois millions d’enfants menacés de malnutrition
L’Afghanistan est en proie à l’une des pires crises humanitaires de la planète : plus de la moitié de ses 38 millions d’habitants est confrontée à une insécurité alimentaire aiguë et trois millions d’enfants sont menacés de malnutrition. Or, dans la société afghane, profondément conservatrice et patriarcale, il n’est pas permis à une femme de parler à un homme qui n’est pas un proche parent. Une femme ne peut donc entrer en contact qu’avec une distributrice d’aide. (...)