
Tous les syndicats (CFDT, CFTC, CGC, CGT, FAFPT, FSU, Solidaires et UNSA) se sont entendus, à l’exception de Force Ouvrière : ce 12 décembre, il fallait se rassembler devant le ministère de la Culture et de la Communication pour défendre les emplois du service public. L’inquiétude grimpe, alors que la précarité et l’absence de possibilité d’évolution dans les carrières minent le service public, et surtout ceux qui l’assurent.
Ne pas se fier à la joie des participants, heureux de se retrouver dans l’action collective : le moral est bas, l’ambiance morose au sein des administrations publiques rattachées au ministère de la Culture. Les emplois et les perspectives d’évolution au sein des services du ministère comprennent plusieurs corps de catégories, de A à C, elle-mêmes échelonnées par des grades, de 1 à 4. Ces différents niveaux de qualification décident en théorie de la rémunération, ainsi que des indemnités retraite.
Pour passer d’une catégorie ou d’un grade à l’autre, un agent du service public doit se soumettre à des examens, et afficher des qualifications plutôt élevées. Seulement, « les taux de promotion au sein du ministère sont extrêmement bas, et les agents ont des difficultés pour passer d’un grade à l’autre, ou même d’un corps à l’autre, notamment en raison des quotas », explique Vincent Krier, secrétaire national de la CGT Culture. Ces quotas pro/pro (pour promu/promouvable) aboutissent à des situations où 16 agents sont promus, quand 6 places seulement sont disponibles. Ainsi, le ministère affiche des taux de promotion extrêmement bas, inférieurs à 1 %. (...)
Une situation déplorable, qui se poursuit et s’intensifie depuis près de 15 ans : un agent de catégorie C aurait ainsi perdu de 2000 € à 3000 € de rémunération sur un an, soit beaucoup plus qu’un mois de salaire. « Les agents en poste voient ce salaire figé compensé par des régimes indemnitaires, qui ne sont pas pris en compte dans le calcul de la retraite, où seule la valeur indiciaire (entre 309 et 390) compte. » Beaucoup d’agents titulaires se retrouvent ainsi avec des retraites inférieures à 800 €. (...)
Par ailleurs, les syndicats sont également particulièrement inquiétés par l’acte 3 de la décentralisation, qui annonce la suppression des DRAC, qui représentent pourtant l’État et sa politique culturelle dans les régions. « Après les suppressions de poste, les DRAC ont perdu environ 10 % de leurs 3000 agents », détaille Krier. Tous ceux rassemblés au milieu des colonnes de Buren craignent un ministère de plus en plus effacé, absent du territoire national. « Dans ce cas, les inégalités entre les régions riches et pauvres se creuseront, en terme d’accès à la culture », assure le secrétaire national de la CGT Culture.
La situation est d’autant plus douloureuse que le président Hollande avait assuré, dans ses promesses électorales, la « sanctuarisation » du budget de la Culture (...)