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Basta !
Les services publics sont-ils en train de gagner la bataille de l’eau face au secteur privé ?
Article mis en ligne le 6 décembre 2014
dernière modification le 2 décembre 2014

Plus de 180 villes dans le monde ont choisi de tourner la page de la privatisation de l’eau. Des métropoles comme Paris, Berlin, Buenos Airs, La Paz, Johannesburg, Atlanta, Kuala Lumpur ou Jakarta ont renoué avec une gestion publique, et souvent plus démocratique, de l’eau.

C’est le principal enseignement d’un rapport que notre Observatoire des multinationales publie conjointement avec des partenaires internationaux. Un constate riche de leçons à l’heure où les néolibéraux ne cessent de dénigrer le rôle des services publics et de vanter les vertus du profit et de l’intérêt privé. L’eau, pionnière dans la bataille pour les biens communs ? (...)

180 remunicipalisations, pourquoi ce nombre est-il significatif ? C’est que depuis trente ans, les multinationales de l’eau, emmenées par nos « champions nationaux » Suez et Veolia, les institutions financières internationales (Banque mondiale, Fonds monétaire international, et autres) et certains gouvernements, dont celui de la France, n’ont pas ménagé leurs efforts pour promouvoir la privatisation de l’eau. Au niveau mondial, les services de l’eau restent majoritairement sous contrôle public, et, malgré ce que promettent depuis des années les « experts », la tendance ne s’inverse pas sur le terrain. Les privatisations phares des années 1990 dans les grandes villes du Sud (Buenos Aires, Jakarta, Johannesburg) se sont soldées par des échecs retentissants. Les nouveaux cas de privatisation de l’eau dans des grandes villes mondiales sont extrêmement rares depuis dix ans [3].

Aujourd’hui, pourtant, en Europe, à la faveur des politiques d’austérité, les institutions communautaires et certains gouvernements font pression pour obtenir la cession au secteur privé des services publics de l’eau en Grèce, au Portugal, en Italie ou en Espagne (voir l’enquête de l’Observatoire des multinationales sur l’exemple grec) [4]. Pourtant, près de deux millions d’Européens ont déjà exprimé leur opposition à la privatisation de l’eau en s’associant à la première « Initiative citoyenne européenne ». Partout où elle a été soumise au suffrage populaire, en Italie et à Berlin en 2011, à Madrid en 2012 et à Thessalonique cette année, la perspective d’une gestion privée de l’eau a été massivement rejetée par les citoyens.

Austérité et TTIP, deux nouvelles menaces (...)

la remunicipalisation n’est pas seulement une démarche négative, un simple refus du secteur privé et un retour au statu quo antérieur. Elle est – souvent – une réinvention. Depuis Grenoble jusqu’à Athènes et Thessalonique, le refus de la privatisation est aussi et surtout une opportunité de reconstruire un service de l’eau plus transparent, plus démocratique, et plus soutenable écologiquement. Et, comme le montre l’exemple de l’Allemagne et d’autres pays, il n’y a aucune raison de s’arrêter au seul secteur de l’eau. Énergie, déchets, transports, restauration collective… Élus et citoyens ont le pouvoir et la possibilité de se réapproprier tous ces services publics essentiels, ces « biens communs », plutôt que de se soumettre passivement au culte de « l’entreprise » et à ses fausses promesses. Il y a de bonnes raisons de croire que les citoyens et la planète s’en porteront mieux. (...)

La France occupe une place particulière dans le secteur global de l’eau. Aujourd’hui pionnière de la remunicipalisation, elle a longtemps été le seul pays au monde où dominait la gestion privée de l’eau. C’est ce qui explique que les principales multinationales de l’eau soient françaises (...)

la remunicipalisation n’est pas seulement une démarche négative, un simple refus du secteur privé et un retour au statu quo antérieur. Elle est – souvent – une réinvention. Depuis Grenoble jusqu’à Athènes et Thessalonique, le refus de la privatisation est aussi et surtout une opportunité de reconstruire un service de l’eau plus transparent, plus démocratique, et plus soutenable écologiquement. Et, comme le montre l’exemple de l’Allemagne et d’autres pays, il n’y a aucune raison de s’arrêter au seul secteur de l’eau. Énergie, déchets, transports, restauration collective… Élus et citoyens ont le pouvoir et la possibilité de se réapproprier tous ces services publics essentiels, ces « biens communs », plutôt que de se soumettre passivement au culte de « l’entreprise » et à ses fausses promesses. Il y a de bonnes raisons de croire que les citoyens et la planète s’en porteront mieux.