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Les réseaux sociaux ou l’irrésistible ascension du troll
Article mis en ligne le 25 décembre 2018
dernière modification le 22 décembre 2018

Aujourd’hui le hater a des désirs d’universalité. Il règne sur tout. Et de lui échapper va devenir de plus en plus compliqué.

Rarement, invention marquée du sceau de la technologie aura été aussi funeste –je parle là des réseaux sociaux. Jamais, elle n’aura permis à autant de millions et de millions d’individus de se montrer odieux, haineux, bêtes non seulement à manger du foin mais à s’étouffer avec. Tout ce que la civilisation avait eu tant de mal à bâtir, le respect de l’autre, la tolérance, la courtoisie démocratique, la possibilité de débattre sans s’étriper, l’émancipation par la connaissance, toutes ces notions de savoir-vivre sont en train d’être battues en brèche par ce foisonnement de commentaires, messages, et autres invectives omniprésents dans les fils de conversation. (...)

À se demander si l’on n’est pas en train d’assister, sous nos yeux consternés, à une formidable régression, capable d’emmener le genre humain tout entier dans les bas-fonds de l’ignorance, de la stupidité féroce, de la farouche imbécillité, du triomphe de l’éternelle connerie qui, il faut bien le dire, ne s’est jamais aussi bien portée que depuis l’apparition des réseaux sociaux. Non point que la civilisation était parvenue à l’éradiquer, mais au moins avait-elle eu la décence de rester jusque là anonyme, silencieuse, invisible, partagée entre quatre murs ou réservée à la seule fréquentation du café du commerce.

Désirs d’universalité
Joyeuse époque où le con s’épanouissait à la seule ombre de ses partenaires de conversation, à table ou devant la télé, à sa pause-déjeuner ou lors d’un repas dominical, au sein de sa famille ou parmi ses amis. (...)

Le con vitupérait en solitaire. Le con morigénait devant madame son épouse. Le con plastronnait à la salle des fêtes de son inénarrable bêtise.

Aujourd’hui le con a des désirs d’universalité. Il entend se faire entendre. Il prétend à la reconnaissance officielle de sa connerie. Voilà que grâce aux réseaux sociaux, sur à peu près n’importe quel sujet, à toute heure de la journée, il peut l’ouvrir dans une débauche de commentaires si prodigue que de suivre l’évolution de sa pensée équivaudrait à surveiller l’éclosion de bulles quand chauffe l’eau des pâtes. (...)

Et quand il est vraiment en forme, au sommet de son inconsistance, il complote à tout-va.

Ah le complotisme. Merveille des merveilles. (...)

La libération du con marque la fin des Lumières et qui pourra dire les limites de cette infernale régression ? Personne.

Et si aujourd’hui, nous sommes encore des millions à lui résister, combien serons nous demain ?

Oui combien ?