
Le mouvement écolo et alternatif l’oublie souvent : le système médiatique lui-même est aussi un terrain de lutte et d’alternatives. Des médias libres se sont retrouvés en Corrèze pour mettre en commun leur expérience. Reporterre y était.
(...) les médias présents à cet événement offraient une belle vue de l’hexagone, venant de Nantes – La lettre à Lulu – comme de Marseille – Le Ravi – en passant par la Franche-Comté, où siège Lutopik. Tous ont discuté durant le week-end des conditions de leur exercice, difficiles, précaires, incertaines.
Il fut question
– d’éducation populaire et de sensibilisation du grand public ; des conditions de diffusion et de l’évolution défavorable des agréments CPPAP (commission paritaire des publications et agences de presse) ;
– de l’uniformisation des messages dans les grands médias dominants–ce que Peter Watkins dans un extrait documentaire diffusé le vendredi soir conceptualise sous le terme de « monoforme » pour décrire la production audiovisuelle contemporaine ;
– du projet de loi Culture et création et d’un futur Hadopi ;
– de la difficulté pour l’écologie à se frayer un chemin dans la pensée dominante du journalisme actuel ;
– de la place des femmes, etc. (...)
Il fut question de tout ce qui peut faire aujourd’hui obstacle à un média dans son entreprise journalistique et éditoriale. Car c’est bien le dénominateur commun qui rassemblait la trentaine de médias représentés : la volonté de travailler librement l’information, de faire vivre un journalisme différent et de mener cette activité en toute indépendance.
L’indépendance. Cette notion et les débats qu’elle suscite ont mis en lumière les lignes de partage qui distinguent tous ces participants réunis. (...)
une coordination permanente des médias libres a déjà vu le jour. Et s’est doté, dans le prolongement des rencontres, d’un site internet et d’une plateforme de débat interne. A court-terme, elle publie un premier texte, sorte de manifeste, avec les premiers signataires qui s’engagent dans l’aventure. Reporterre en est. Le processus est enclenché. Solidarité et convergence des luttes ne sont plus simplement des objets de travail pour les médias libres, indépendants ou alternatifs. Ce sont aussi désormais leur réalité collective.