Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
Rue 89 Bordeaux
Les lobbies du béton à l’action avant les élections
Article mis en ligne le 23 février 2020

« Nous sommes extrêmement inquiets », lâche Arnaud Roussel-Prouvost. Le président de la Fédération des Promoteurs Immobiliers Nouvelle-Aquitaine déplore déjà une baisse de 30% des mises en vente de logements neufs en 2019, « conséquence de la limitation des délivrances de permis de construire ». Et ça risque de ne pas s’arranger après les élections, redoute-t-il :

« Le sentiment général quand on écoute les différents candidats aux municipales à Bordeaux, c’est qu’il faudrait arrêter la construction de logements. C’est un peu déjà le cas ! Ce malthusianisme urbain est à mettre en perspective avec les 10 à 12000 nouveaux habitants qui arrivent chaque année sur la métropole. Où allons nous les loger ? »

Aux côtés de la FPI, c’est tout le secteur de l’immobilier qui a donc tapé sur la table ce jeudi au Club de la presse de Bordeaux – étaient ainsi représentés le Conseil de l’ordre des architectes Nouvelle-Aquitaine (2500 architectes, dont 1000 dans la métropole bordelaise, la Fédération française du bâtiment de Gironde (700 entreprises, 12000 salariés) et la Fédération Régionale des Travaux Publics Nouvelle-Aquitaine (720 entreprises, 26000 salariés dans la région).

Bref, du lourd, et qui entend peser sur les élections. Ces corporations s’inquiètent notamment de l’avenir des grandes opérations d’aménagement (Bastide-Niel, Brazza, Euratlantique), qui représentent 40% des logements neufs construits à Bordeaux.

Vincent Feltesse (désormais retiré de la campagne et de la vie politique) suggérait un moratoire sur ces opérations. Thomas Cazenave (République en marche) veut quant à lui réaliser un audit de ces opérations « afin de s’assurer que les équipements (transports, écoles, espaces verts, services publics) seront livrés en même temps, ou les retarder ».

« Il ne faut pas faire de pause mais continuer à construire du logement et parallèlement développer les équipements », assure Arnaud Roussel-Prouvost.

Le président de la FPI se dit en outre « assez circonspect » sur la capacité d’atteindre « dans un délai aussi court » l’objectif de « zéro artificialisation nette » des sols d’ici 2030, même si « on doit accompagner le mouvement et on est obligés de respecter la biodiversité ».
« Faire émerger un modèle bordelais »

S’il fait là référence aux ambitions gouvernementales traduites dans une circulaire de juillet 2019, on comprend que les réserves sont encore plus grandes vis à vis de la promesse des écologistes de « préserver nos derniers espaces naturels en cessant toute artificialisation des sols ». Est-ce pour autant utopique de « construire la ville sur la ville » ? (...)

Selon Arnaud Roussel-Prouvost, les professionnels de l’immobilier sont soumis à des « injonctions paradoxales » :

« On veut de plus en plus de qualité d’architecture, plus de stationnement, tout en voulant que les villes soient plus vertes, cela entraine une surenchère sur les prix de sortie, il faut savoir à quel niveau mettre le curseur. »

Le président de la FPI relève que l’envolée des prix du logement ces dernières années est corrélée à celle des prix du foncier, passés de 10% des prix de revient d’une opération à 30% sur Bordeaux. Mais le mea culpa est bien timide quant à la responsabilité des promoteurs dans cette spirale spéculative (...)

Pour contrôler davantage le coût du logement, la FPI n’a « pas de solution miracle » mais mise sur la logique des prix maitrisés, adoptée en juillet dernier en conseil de Bordeaux Métropole. Elle se traduira fin 2020 par l’oblogation de réserver la moitié des logements d’une opération à des prix inférieurs de 20 à 50% aux prix du marché. Indispensable quand des logements se négocient à 5000 euros le m2 à Bordeaux, poiur un salaire médian de 1780 euros.