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Mediapart
Les liaisons dangereuses de SOS Chrétiens d’Orient avec les milices d’Assad
Article mis en ligne le 18 septembre 2020

L’ONG française SOS Chrétiens d’Orient affirme venir en aide aux chrétiens en Syrie, sans s’ingérer dans le conflit qui déchire le pays depuis neuf ans. Notre enquête montre au contraire qu’elle soutient des milices qui combattent pour Bachar el-Assad. L’association a été considérée pendant plusieurs années comme partenaire de la défense nationale par le ministère français des armées.

Officiellement, cette association fondée en 2013 assure pourtant rester neutre dans le conflit syrien. Partenaire de la défense nationale française depuis 2017, elle se décrit sur son site officiel comme « une association d’intérêt général, apolitique, [qui] agit depuis 2013, en toute légalité, au cœur des zones sinistrées sécurisées du Proche-Orient (Irak, Syrie, Jordanie et Liban), mais aussi en Égypte, en Éthiopie, au Pakistan et en Arménie ». (...)

Les fondateurs, Charles de Meyer et Benjamin Blanchard, ont fait leurs premières armes comme assistants parlementaires de Jacques Bompard – actuel maire d’extrême droite d’Orange – et ont passé quelques heures en garde à vue au printemps 2013 après des incidents lors des manifestations contre le mariage pour tous. Blanchard deviendra par la suite l’assistant de l’ex-députée du Front national Marie Christine Arnautu, tandis que De Meyer, lui, travaille toujours au Parlement européen aux côtés de l’eurodéputé du Rassemblement national Thierry Mariani. (...)

Mais ces grandes ambitions caritatives et « civilisationnelles » n’ont pas toujours été aussi limpides. En 2013, la propagande d’Assad tourne à plein régime : menacé par une intervention militaire de la France, de la Grande-Bretagne et des États-Unis, le président syrien cherche à détourner l’attention des attaques chimiques qu’il a commises en août dans la Ghouta de Damas.

Les affrontements qui éclatent dans la ville chrétienne de Maaloula en septembre vont être l’occasion rêvée pour le régime de faire diversion, et pour SOS Chrétiens d’Orient de s’engager en Syrie (voir le 3e volet à venir de notre enquête).

Le 17 septembre 2013, un mois avant le dépôt des statuts de l’association, un des fondateurs – qui s’en est retiré quelques mois plus tard –, Olivier Demeocq, lance le débat « Et si catholiques, nous allions combattre en Syrie… » pour « défendre les chrétiens syriens ». Un appel publié sur le site identitaire fondé par Robert Ménard et Dominique Jamet, Boulevard Voltaire, plateforme condamnée pour incitation à la haine raciale.

Une idée qu’Olivier Demeocq qualifie aujourd’hui lui-même d’« absurde ». « À l’époque, je me pose simplement cette question : faut-il mourir pour la Syrie ? Et pour connaître le sentiment du plus grand nombre, je publie cet édito, raconte à Mediapart celui qui fut le premier secrétaire de l’association SOS Chrétiens d’Orient. En mûrissant le projet, je réalise qu’il est sûrement plus pertinent de faire une bonne action et fêter Noël en Syrie plutôt que de jouer les héros. »

Il mènera donc l’opération « Noël en Syrie » en décembre 2013 avec les fondateurs de SOS Chrétiens d’Orient, le tout encadré par le régime et grâce à l’un de ses vieux clients, Frédéric Chatillon.

Ce dernier est une figure de l’extrême droite, ancien chef du GUD (Groupe union défense) et patron de l’agence de communication Riwal, à la fois prestataire du ministère du tourisme syrien et du Rassemblement national en France. (...)