
Un rapport européen pointe l’insuffisance de la réponse pénale aux violences sexuelles et sexistes et le manque de moyens au service de la lutte.
Réponse pénale insuffisante, définition du viol erronée, pas assez d’hébergements… le Groupe d’experts sur la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique (GREVIO) présente, ce mardi 19 novembre un rapport sur « les mesures d’ordre législatif et autres donnant effet aux dispositions de la Convention du Conseil de l’Europe sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique (Convention d’Istanbul) ». Et voit dans ces lacunes « le reflet de politiques qui peinent à reconnaître la spécificité des violences faites aux femmes et tendent à les assimiler à d’autres problématiques sociales. » Des politiques qui ne jugent pas ce sujet prioritaire et n’y affectent pas les moyens adaptés.
L’histoire de la ratification par la France de la Convention d’Istanbul témoigne du peu d’importance accordé au sujet par les responsables politiques. (...)
Signée en 2011 par 25 Etats membres de l’Union Européenne, cette convention avait dû attendre trois ans que 10 pays la ratifient pour pouvoir entrer en vigueur (Voir La Convention d’Istanbul entrera en vigueur le 1er août). La France ne faisait pas partie des 10. Et il a fallu que des sénatrices se battent âprement pour que les décideurs de l’agenda du Sénat programment (ou cessent de déprogrammer) la ratification de la convention (...)
Mais ratifier ne veut pas dire l’appliquer à la lettre. Le rapport du Grevio reconnaît que des « efforts législatifs ont été accompagnés d’une succession continue de cinq plans interministériels triennaux consécutifs depuis 2005. » Mais « il pointe l’insuffisance des dispositifs d’hébergement spécialisés destinés aux femmes victimes de violences » et « relève l’urgence de mettre en place, en nombre suffisant, des centres d’aide d’urgence pour les victimes de viols et de violences sexuelles, afin de leur dispenser un examen médical et médico-légal, un soutien lié au traumatisme et des conseils, et de renforcer les structures offrant des services de soutien spécialisés. »
Il conteste la définition du « viol » par la France et regrette que cette qualification ne repose pas sur l’absence d’un consentement libre mais exige le recours à la violence, contrainte, menace ou surprise Ravivant un débat douloureux, le rapport pointe « les insuffisances de la réponse pénale aux violences »,et notamment « la pratique judiciaire de correctionnalisation, permettant de requalifier le délit de crime de viol en délit d’agressions sexuelles ». (...)
Le Grevio souligne aussi la nécessité urgente, pour protéger les enfants et leur mère, de mesures concernant « l’exercice de la parentalité » car un exercice conjoint de la parentalité « est un moyen pour l’agresseur de continuer à maintenir l’emprise et la domination sur la femme et sur les enfants. »
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la Fondation des femmes pointe la question des moyens financiers pour déployer une politique efficace de lutte contre les violences sexistes et sexuelles. Elle regrette que les ambitions du Grenelle restent « à moyens constants » tandis que « ce rapport plaide pour un changement de cap et la mise en oeuvre de politiques plus ambitieuses répondant aux engagements internationaux de la France. » La Fondation des femmes lance un appel au gouvernement : « Il n’est pas trop tard pour que le budget 2020 soit à la hauteur des préoccupations affichées dans la lutte contre les violences faites aux femmes. »