
Alarmée par l’état de la planète, une nouvelle génération des stars montantes de la mode, qui s’illustre à la Fashion Week de Paris, adopte une façon radicalement différente de créer pour limiter le gaspillage et la surconsommation.
La Française Marine Serre, 27 ans, a signé l’un des spectacles les plus impressionnants de cette édition parisienne, avec un défilé décrivant un univers apocalyptique où "les crises écologiques et les guerres climatiques détruisent les restes de la civilisation telle que nous la connaissons".
Encagoulées ou protégées par des masques à gaz, les mannequins ont évolué dans des grottes, portant des pièces en partie (15%) fabriquées avec des matériaux recyclés. Le vêtement phare de sa précédente collection était la robe du soir confectionnée avec de vieilles couvertures.
"L’apocalypse peut être positive pour stimuler la création : des coquilles ou du bois flotté cela ne coûte rien", explique la styliste, lauréate du prix LVMH 2017, qui a vendu l’année dernière cinq fois plus de pièces par rapport à sa première collection.
"C’est un défi énorme d’être durable (...) recycler de façon correcte et pour que cela ait l’air parfait dans les boutiques".
La jeune marque berlinoise Ottolinger partage la même philosophie. Les stylistes retravaillent les vêtements existants et les surplus de stock pour créer des pièces futuristes et streetwear.
"On ne peut plus justifier toute cette surproduction et la consommation effrénée", rapporte Cosima Gadient, l’une des fondatrices de la marque, dans les coulisses d’un défilé salué par la critique. (...)
La créatrice suisse Eliane Heutschi, 32 ans, qui figure pour la première fois sur le calendrier officiel de la Fashion Week, fait revivre des techniques ancestrales afin de réinventer des vêtements existants pour sa marque Savoar Fer.
Après les boutons recouverts, le plissé pli plat, le point de croix et la dentelle aux fuseaux, le thème de cette collection est la "réparation", "considérée comme une technique de mamie, quelque chose de péjoratif" alors qu’il s’agit à ses yeux d’un savoir faire avec lequel on "peut faire un produit haut de gamme", dit-elle à l’AFP.
Pour être écologique, "on fait le maximum à tous les étapes : on recycle le papier pour les patronage, les tissus... Réparer c’est travailler avec ce qu’on a", raconte-t-elle.
"Déchirez et réparez"