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Les industriels cherchent à casser l’élevage plein air, bio et paysan
Article mis en ligne le 30 avril 2021

Le Sud-ouest vient d’être durement frappé par l’influenza aviaire. L’État et les industriels, dont les pratiques intensives sont désastreuses, imposent aux éleveurs de plein air la claustration de leurs volailles.

Sylvie Colas, porte-parole de la Confédération Paysanne du Gers (Occitanie), est intervenue au cours de la manifestation contre la réforme de l’assurance chômage le 23 avril à Auch. Elle a indiqué que la Confédération avait appelé au niveau national à se joindre à cette journée d’action contre la précarité.

Nos fermes ne sont pas des start-up !

« En effet, la précarité touche aussi de plus en plus de paysans qui n’arrivent plus à vivre dignement de leur métier. Le marché mondial et l’industrie leur imposent des prix de plus en plus faibles, et l’injonction à produire plus, pour compenser, les poussent à l’épuisement physique. Pendant ce temps, la Politique Agricole Commune répartit les aides en favorisant les grandes exploitations et un modèle agricole toujours plus intensif. » (...)

Les nouvelles réglementations sanitaires, notamment dans les élevages de volaille plein air, créent une grande incertitude pour l’avenir de tous ceux qui ont choisi de pratiquer une agriculture paysanne. Les règles changent constamment. Mais nos fermes ne sont pas des start-up ! Aujourd’hui, nous sommes de moins en moins nombreux : en 30 ans, deux-tiers des fermes ont disparu et les emplois qui en découlaient aussi. Le capitalisme pousse à la rapidité : ça ne marche pas dans nos métiers. Il faut accepter un temps long pour trouver un équilibre et sauvegarder le métier de paysan.

La précarité touche aussi les retraités : les retraites du « stock » n’ont pas été revalorisées, les femmes sont souvent au minimum vieillesse après une vie de labeur à aider leur conjoint à la ferme. Voulons-nous vraiment traiter nos aînés de cette façon ?

En tant que paysans, nous sommes le maillon central de la vie à la campagne. Emploi de la ruralité, nous n’attirerons de futurs paysan que s’ils trouvent des services près de leur ferme, dans la santé, l’éducation, la culture… Nous formons ensemble l’écosystème rural et devons le préserver. Nous avons besoin d’une ruralité vivante.

Ensemble, battons-nous pour un autre projet que ce système économique destructeur de vies, mobilisons-nous pour nos enfants et nos aînés, luttons pour sauvegarder l’agriculture paysanne. » (...)

A la mi-avril, 490 foyers d’influenza aviaire étaient confirmés par le laboratoire national de référence (475 dans le Sud-ouest, 15 ailleurs, dont l’Alsace). Ce qui a entraîné l’abattage systématique 3,5 millions de canards et de volailles, dans ce département et dans le Gers, les Pyrénées-Atlantiques, les Pyrénées-Orientales et le Lot-et-Garonne. Les autorités et les grands opérateurs économiques de la filière ont mis en cause l’élevage plein air, refusant d’interroger l’intensification de leur mode de production et ses risques sanitaires : « si rien n’est fait, la claustration des animaux deviendra la norme tous les hivers et les petits éleveurs disparaitront », dénonce la Confédération Paysanne. Quand les autorités ont permis aux élevages de redémarrer (poules, poulets, pintades, cailles), elles ont exclu l’élevage plein air. Et les abattages préventifs, sans maladie avérée, sont contestés par les éleveurs et éleveuses qui engagent, de ce fait, des procédures contre les décisions préfectorales d’abattage devant le tribunal administratif de Pau (qui malheureusement les entérine). (...)

La Confédération Paysanne est force de proposition en mettant au point un Pacte pour une Gestion efficace de la crise d’influenza aviaire. Les défenseurs d’une agriculture paysanne sont mobilisés pour que l’agriculture et l’élevage s’inscrivent dans une vision respectueuse de l’environnement et ne passent pas sous les fourches caudines des industriels.