
Le délit de harcèlement sexuel est en cours de redéfinition par la ministre de la Justice, Christiane Taubira, et la ministre du Droit des femmes, Najat Vallaud-Belkacem. Le projet de texte s’est attiré quelques reproches, en particulier sur sa formulation alambiquée. Mais d’autres critiques pointent, relativisant la gravité du harcèlement sexuel au nom de « la drague ». Pourtant, près d’une salariée sur cinq confie être victime de harcèlement sexuel au travail. Selon le Bureau international du travail, la France est même l’un des pays où le taux des violences sexistes ou sexuelles au travail est le plus élevé du monde !
Le durcissement de la répression vis-à-vis des harceleurs n’est pas forcément du goût de tout le monde. Dans les forums qui fleurissent sur le web, on sent ainsi poindre la crainte de ne plus pouvoir draguer au bureau… « Bienheureux d’être vieux ! », dit ainsi un lecteur de Le point.fr « Mais je me mets tout de même à la place d’un jeune : finis la drague, le flirt et tous ces jolis mots grâce auxquels l’humanité existe encore. Le râteau ne suffira plus : on ira chaque fois au barreau. »
On répètera donc aux messieurs inquiets d’être accusés à tort de harcèlement sexuel qu’ils n’ont point à s’inquiéter. Le harcèlement sexuel imaginaire et le viol fantasmé n’existent, dans la réalité, quasiment pas. La plupart des femmes victimes de violences sexuelles se taisent et ne portent jamais plainte. Elles se sentent coupables (dans une inversion des rôles prodigieuse propre à ces violences !), elles ont honte, elles ne font pas forcément confiance à la Justice. Et si les violences ont lieu dans le cadre de leur travail, elles craignent, en brisant l’omerta, de perdre leur boulot ! (...)