
Quelque 1 300 « gilets jaunes » ont répondu à une enquête lancée par le CNRS et Sciences Po Bordeaux. Magali Della Sudda, historienne et politiste, en décrypte les conclusions.
Interpellés par la révolte des « gilets jaunes », soixante-dix sociologues, politistes et géographes ont répondu en novembre 2018 à l’appel du Centre Emile Durkheim (CNRS-Sciences Po Bordeaux) en lançant un ambitieux projet de recherche pour appréhender ce mouvement social. Sur l’ensemble du territoire, dans les manifestations comme sur les ronds-points, plus de 1 300 « gilets jaunes » ont répondu à une enquête par questionnaire qui a été complétée, depuis lors, par plusieurs dizaines d’entretiens approfondis menés en face-à-face. Les premiers résultats de ces recherches avaient été publiés dans Le Monde daté 12 décembre. Une première publication scientifique paraîtra à l’automne. (...)
Après neuf mois de recueil de parole des « gilets jaunes », notez-vous des évolutions au sein du mouvement ?
L’une des évolutions notables est sans doute son positionnement à l’égard de l’environnement. Ce mouvement, qui est né d’une protestation contre la hausse des taxes sur le carburant, a souvent été qualifié d’anti-écologiste. Notre enquête montre pourtant que les « gilets jaunes » qui estiment que l’écologie n’est pas une priorité sont très minoritaires. L’argument des fins de mois contre la fin du monde est battu en brèche. (...)