
Les arracheurs de vignes transgéniques de l’INRA sont passé en procès, à Colmar, cette semaine. Ils ont dressé le réquisitoire de ces biotechnologies, dangereuses selon eux pour la vigne d’Alsace, pour la santé et pour le vivant.
A l’extérieur de la cour d’appel de Colmar, ce 18 mars, le comité de soutien organise efficacement l’accueil des dizaines de personnes venues de toute la France pour suivre le procès. Des concerts ont lieu -David Vincent, les Bure Haleurs-, ainsi que la projection en avant-première du film Résistance naturelle de Jonathan Nossiter. Les prévenus arrivent au tribunal sur des charrettes tirées par des chevaux, pareils à des condamnés. A l’intérieur, ils seront 45 à se succéder à la barre mardi 18 et mercredi 19 mars.
Le 15 août 2010 à cinq heures du matin, sous une pluie battante, ils étaient soixante à avoir pénétré illégalement sur le terrain d’expérimentation de l’INRA (Institut National de Recherche Agronomique) de Colmar pour arracher les soixante-dix pieds de vigne que l’institut avait installés en plein air au cœur du vignoble alsacien. Cet essai avait pour but de tester une vigne transgénique résistante au virus du court noué.
En jugement de première instance, les prévenus avaient été condamnés à 57 000 euros de dommages et intérêts à l’INRA et à deux mois de prison avec sursis, ainsi qu’à des jours-amendes pour les récidivistes. Ayant fait appel de la condamnation pénale, ils peuvent largement s’exprimer à Colmar devant un président du tribunal courtois et à l’écoute.
« Je n’ai pas agi pour mon intérêt mais pour le bien commun ». Guy, retraité
Les témoignages des prévenus, issus de toute la France, évoquent les motivations humaines, politiques, éthiques de leur acte. « Je me bats pour lui », explique Jean-Baptiste, 29 ans, chargé de projet, qui montre au juge une photo de son enfant. « On a agi en urgence devant le danger », explique Thierry, paysan de 36 ans. « J’ai fait un acte de respect de la terre, pour la protéger », renchérit Antoine, paysan de 52 ans.
Le danger de dissémination dans l’environnement de cet essai en plein champ simplement protégé par une bâche et un grillage, est souvent rappelé. La culture des OGM semble incompatible avec l’existence d’une agriculture paysanne et biologique (...)