Parmi les centaines de femmes et de filles enlevées par les militants de Boko Haram, certaines ont réussi à s’échapper, d’autres ont été libérées par l’armée nigériane et ramenées chez elles, mais leur calvaire n’est pas terminé.
Au lieu d’être admirées pour leur bravoure, bon nombre d’entre elles sont rejetées par leur communauté et stigmatisées à cause de leurs prétendus liens avec Boko Haram. D’autres, qui se sont retrouvées enceintes après avoir été violées par leurs ravisseurs, sont pointées du doigt et accusées de donner naissance ou d’essayer de donner naissance à de futurs combattants de Boko Haram.
« Elles ont vécu une expérience terrifiante, mais … Boko Haram fait l’objet d’un tel mépris que tous ceux qui sont identifiés au mouvement sont victimes du même dénigrement », a expliqué à IRIN Mausi Segun, chercheuse pour l’organisation Human Rights Watch, qui s’est entretenue avec plusieurs femmes.
Nous n’avons pas de chiffres précis, mais le gouvernement a indiqué qu’un pourcentage « alarmant » de filles enlevées par Boko Haram sont enceintes.
Enceintes et rejetées (...)
Les groupes d’auto-défense rendent « justice »
Certains habitants du nord-est du Nigeria ont pris les armes pour protéger leur communauté de Boko Haram. Ils ont aussi estimé qu’il était de leur responsabilité d’appliquer la loi islamique qui considère que la grossesse hors mariage est illégitime, à moins que la mère ne soit en mesure de démontrer qu’elle est tombée enceinte contre sa volonté.
Malheureusement, bon nombre de membres de la communauté refusent de croire que les filles enlevées ont été forcées de se marier, et ils continuent de se méfier de ces femmes et de leurs enfants à naître.
« Si l’on découvre qu’une femme est enceinte, dans notre tradition, la grossesse est considérée comme haram [illégitime] », a dit à IRIN le chef d’un groupe d’auto-défense, qui a dit s’appeler Mallam Ahmadu. « Nous ne pouvons donc pas les accepter, car ils peuvent être comme des bébés serpents ». (...)
Tentatives de soutien
En collaboration avec d’autres agences locales et étrangères, le gouvernement nigérian fournit un soutien et des soins médicaux aux femmes et aux filles enceintes qui ont retrouvé leur liberté. Il encourage également les communautés à accueillir ces femmes dans la paix.
« La chose la plus importante est de restaurer leur dignité, particulièrement quand vous avez été gardé en captivité contre votre volonté », a dit M. Bello. « Dieu seul sait ce qu’ils [les ravisseurs de Boko Haram] leur ont fait, mais certaines d’entre elles ont été violentées, d’autres violées. Bon nombre d’entre elles vivent dans l’insécurité alimentaire. Alors le gouvernement doit les accueillir, travailler avec elles et les ramener à la réalité de leur vie ».
Mais certains responsables locaux continuent de perpétuer la stigmatisation (...)