
Un « scénario égyptien » pour la Russie et dans l’espace ex-soviétique ? Le président de la Fédération de Russie, M. Dmitri Medvedev, a lui-même évoqué les conséquences que pourraient avoir, dans son pays, les bouleversements du monde arabe.
L’évidence est que les révolutions arabes ne suscitent pas, en Russie et en ex-URSS, le même enthousiasme qu’en Europe – c’est le moins qu’on puisse dire. La sémantique des médias est éloquente : il est question surtout de « désordres », de « révolte », des « dégâts » en Tunisie, des « pillages » en Egypte. (...)
Dans l’immédiat, la Russie n’a pourtant pas à se plaindre. La hausse des prix du pétrole stimulera une croissance déjà forte, fondée sur les exportations de matières premières. Gazprom compensera, en Europe, les déficiences de la Libye en fournitures de gaz. Par contre, les demandes de l’UE en suppléments de pétrole ne peuvent être assurées. La presse russe rapporte que le rouble se renforce. Les capitaux spéculatifs pourraient affluer. (...)
Le tableau ne manque pas de nuances étonnantes : la Russie est proche à la fois de l’Arabie saoudite, des Etats-Unis, de l’OTAN et d’Israël. Pas un mot d’encouragement aux peuples révoltés du monde arabe. Ceux-ci pourraient s’en souvenir : la « réactionnaire » Russie n’est pas une amie.(...)
Imaginaire ou pas, la propagation du « désordre » est déjà dans les esprits : sans savoir pourquoi ni comment, tout le monde semble avoir compris qu’après les révolutions arabes, le monde ne sera plus ce qu’il était. (...)