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Les décrocheurs de portraits de Macron bel et bien condamnés
Article mis en ligne le 21 mai 2022
dernière modification le 20 mai 2022

Douze militants climat contestaient leur condamnation pour décrochage de portrait présidentiel. Mais la Cour de cassation a estimé le 18 mai qu’elle n’était pas « disproportionnée ».

(...) Certes, la plus haute instance juridique admet le caractère militant de l’action menée, à savoir ôter des portraits accrochés dans les mairies pour dénoncer l’inaction climatique du Président. Elle estime toutefois que la condamnation des prévenus n’était pas « disproportionnée », en raison de la « valeur symbolique » de l’objet, « du refus de le restituer », ainsi que du caractère du vol qui s’est réalisé « en réunion ». Et assure que les condamnations ne portent pas atteinte de façon disproportionnée à la liberté d’expression. Les activistes contestent cette décision et vont saisir la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH). (...)

Me Paul Mathonnet est « déçu » par la décision de la Cour mais reste optimiste : « Comme nous le lui demandions, la Cour de cassation confirme avec cette décision que la liberté d’expression peut justifier des actions militantes non violentes quand elles relèvent de sujets d’intérêt général comme le dérèglement climatique. » (...)

Le feuilleton judiciaire des actions « Décrochons Macron » est loin de se terminer. « Nous demanderons à la CEDH de remettre en cause ces critères et de juger qu’aucune condamnation n’aurait dû être prononcée », assure le second avocat Me Ronald Maman. (...)

Face à l’inaction climatique du gouvernement, les citoyens se mobilisent

Voilà trois ans que des membres des ONG écolos Alternatiba ou ANV-COP21 décrochent des portraits présidentiels. Leur souhait : symboliser, en laissant un mur nu, le vide de l’action de l’État en matière de lutte contre les changements climatiques et environnementaux. Les militants étaient excédés par la réponse d’Emmanuel Macron à la saga judiciaire lancée, fin 2018, par l’Affaire du siècle — un recours inédit porté par des associations écologistes [1] contre l’État pour inaction climatique. Pourtant mis sous pression par cette procédure, soutenue par une pétition signée par 2 millions de personnes, le gouvernement s’était contenté de défendre son bilan. (...)

Au total, seules huit personnes ont été relaxées au nom de « l’état de nécessité » ou de la « liberté d’expression ». « Certains tribunaux relaxent, d’autres condamnent, alors que les faits sont quasi identiques », disait Me Ronald Maman, en février dernier, devant la plus haute juridiction de l’ordre judiciaire français. Les avocats avaient alors demandé à la Cour de « fixer » des « critères » précis afin de permettre aux juges des tribunaux de décider si une action relevait ou non de la « liberté d’expression ».