
En Afghanistan, le fait de fuir les violences domestiques ou d’être violée peut mener en prison. S’il y a eu le cas médiatisé de Gulnaz, fin 2011, ce sont 400 femmes et filles afghanes qui sont incarcérées pour de tels « crimes moraux ».
(...) Dix ans après la chute des talibans, il faut enfin faire cesser « cette pratique abusive et discriminatoire » des « crimes moraux » en Afghanistan, clame Human Rights Watch (HRW) mercredi 27 mars. L’ONG publie un rapport (ici en anglais) qui s’appuie sur les témoignages de plusieurs dizaines de ces femmes rencontrées dans les prisons afghanes. (...)
En laissant de telles situations perdurer, « l’Afghanistan viole ses obligations au regard du droit international des droits humains », dénonce HRW.
Certes, une loi majeure adoptée en 2009 fait de la violence contre les femmes un délit. Mais elle reste peu appliquée, comme le relevait une autre ONG, Oxfam, en octobre dernier. « Les tribunaux envoient les femmes en prison pour des ‘crimes’ discutables tandis que les véritables criminels – les personnes qui les maltraitent – sont toujours en liberté », souligne Kenneth Roth, directeur exécutif de Human Rights Watch .
L’ONG déplore aussi le manque d’engagement du gouvernement afghan sur la réforme de la loi sur le divorce. Aujourd’hui, un homme peut se déclarer tout simplement divorcé, tandis que la procédure reste extrêmement difficile pour une femme. Un projet de réforme avait vu le jour en 2007, mais il est enterré depuis 2010.
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Alors que la communauté internationale s’apprête à opérer son retrait d’Afghanistan, et où les talibans sont susceptibles de revenir dans le jeu politique afghan, le risque d’un retour en arrière pour les droits des femmes inquiète les ONG.
Certes, comme le relevait également Oxfam en octobre, des améliorations importantes ont été réalisées dans d’autres domaines, notamment celui de l’éducation. Mais les progrès risquent d’être remis en cause à tout instant. Tout récemment, indique HRW, le président Karzaï a soutenu une déclaration des leaders religieux de la Choura des oulémas, selon lesquels les femmes sont inférieures aux hommes, ne doivent pas sortir sans un chaperon, et ne doivent pas se mêler aux hommes sur les lieux de travail ou d’études.