
Plus nombreux et mieux organisés qu’ailleurs en Europe, les protestataires allemands s’apprêtent à défiler contre les traités TAFTA et CETA de libre-échange. Ils pourraient être plusieurs dizaines de milliers de personnes dans les rues de Berlin, ce samedi 10 octobre.
C’est l’un des pays les plus libéraux d’Europe et pourtant, c’est lui qui pourrait faire échouer les négociations commerciales entre l’Union européenne, le Canada et les États-Unis. L’Allemagne se prépare à défiler en nombre, ce samedi à Berlin, contre les traités de libre-échange CETA (l’Accord économique et commercial global) et Tafta (le Traité de libre-échange transatlantique, son autre nom étant le TTIP, le Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement), dont le prochain round de négociations s’ouvre dans neuf jours à Miami. Les organisateurs attendent plus de 50.000 participants, venus de tout le pays. Cinq trains spéciaux et 600 bus ont été affrétés pour l’occasion.
Ce n’est pas un hasard si Berlin a été choisie pour lancer aujourd’hui la semaine d’action internationale antitraités transatlantiques. C’est en Allemagne que le mouvement de protestation est le plus important et le mieux organisé. En avril, plusieurs dizaines de milliers de personnes avaient déjà manifesté dans 170 communes allemandes, notamment à Munich, Stuttgart, Cologne et Leipzig - quand on peinait à rassembler en France et ailleurs.
Révélations d’Edward Snowden
L’ampleur de la contestation allemande se mesure également sur Internet : la pétition en ligne « Stop TTIP and CETA », remise mardi à Bruxelles, a rassemblé plus d’un million et demi de signatures outre-Rhin. C’est presque la moitié du total recueilli, trois fois plus qu’au Royaume-Uni, cinq fois plus qu’en France, vingt-deux fois plus qu’en Italie.
Les reproches adressés à ce projet de marché commun transatlantique sont multiples. Parmi eux, l’opacité des négociations. Il a fallu des fuites dans la presse pour que l’on entr’aperçoive le document servant de cadre aux discussions. C’est alors que les pommes de discorde ont commencé à mûrir : dégradation des services publics, introduction forcée d’OGM sur les marchés européens, risque d’impunité pour les multinationales, et bien d’autres. (...)
Il se pourrait que les manifestants d’aujourd’hui aient plus de soutien politique à chercher du côté de Paris que de Berlin. Cette semaine, la France a menacé à deux reprises, par la voix de son secrétaire d’État aux Commerce extérieur, Mathias Fekl, de mettre fin aux négociations « si rien ne change dans un délai raisonnable, c’est-à-dire dans les jours qui viennent et dans le courant de l’année 2016 ».
UNE SEMAINE DE MOBILISATION EN EUROPE
La manifestation berlinoise lance une semaine d’action internationale pour les détracteurs du Tafta. Des centaines de rassemblements sont prévus jusqu’au 17 octobre dans la plupart des pays de l’Union européenne. L’agenda français est à retrouver ici.