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Les biffins de Paris sont des recycleurs écolos
Article mis en ligne le 15 avril 2014
dernière modification le 12 avril 2014

Poussés par la précarité, les « chiffoniers » du XIXe siècle sont de retour. Depuis 2005, les biffins de Paris luttent pour exister et exercer leur activité au grand jour. Considérés comme persona non grata par les autorités, ils offrent pourtant une alternative efficace pour recycler les déchets, source de pollution importante quand ils sont incinérés.

(...) Au premier abord, cela ressemble à un vide grenier, mais les biffins ne sont pas des revendeurs comme les autres. Le recyclage des objets chinés dans les poubelles est leur métier.

« Les biffins sont des gens qui ramassent la biffe - les chiffons - et récupèrent des objets dans les poubelles pour les vendre sur les marchés aux puces. Ils se réclament d’une très ancienne tradition de chiffonnier qui existe depuis mille ans à Paris. Leur activité est différente de celle des brocanteurs qui paient un droit de place, et ce ne sont pas non plus des revendeurs à la sauvette qui vendent du neuf » explique Samuel. (...)

Le dialogue entre les biffins et les autorités a toujours été difficile, voire impossible. Depuis le début, la police municipale saisit les marchandises et les détruit sans discernement. En 2005, les biffins se sont organisés pour lutter contre cette répression injuste. En 2009, l’association Aurore a obtenu cent places à la porte de Montmartre.

« On savait que ça serait insuffisant alors on a créé l’association Amelior pour regrouper tous les biffins d’île-de-France. Il y a 761 biffins inscrits aujourd’hui » précise Samuel. Selon la Mission d’information sur la pauvreté et l’exclusion sociale, ils seraient trois mille à Paris, arpentant les rues avec leurs caddies afin de faire les poubelles ; des hommes mais aussi des femmes pour un tiers d’entre eux.

L’économie de la débrouille en plein essor (...)

Entre les biffins et les citoyens, des liens solidaires se créent. Donner de l’argent à ceux qui n’en ont pas est une bonne solution pour faire face à la crise. Mais les pouvoirs publics ne voient pas les choses ainsi.

Samuel qui se bat pour faire entendre leur voix s’anime : « Les biffins sont toujours considérés comme des vendeurs à la sauvette et sont pourchassés par la police. Ils sont passibles de 3 750 euros d’amendes et six mois de prison ferme. Cela fait deux ans que l’on essaie de rencontrer Anne Hidalgo pour établir un dialogue sur le sujet et trouver des solutions. La misère explose et les nouveaux élus doivent faire quelque chose. » (...)

la collecte des déchets : un enjeu économique et écologique majeurs pour les villes

Le scandale d’attribution des déchets à la compagnie privée Derichebourg par l’élue PS Mireille Flam en 2005 met en évidence l’enjeu financier du traitement des ordures et encombrants.

Samuel rappelle : « Les tonnes de marchandises des biffins, saisies par la police à Paris vont remplir des bennes et les poches de la société privée Derichebourg. Tous ces biens spoliés finissent à l’incinérateur, qui produit du chauffage, dont le directeur des deux structures n’est autre que le maire du 19eme arrondissement, François Dagnaud, anciennement chargé de la privatisation des déchets à Paris. Les Parisiens paient pour cela, plus il y a de déchets incinérés plus ils paient ».

De plus, la location des bennes dans le 20è coûterait 180 000 euros par an à la mairie, selon le syndicat CGT des éboueurs. A cela s’ajoute le coût de la répression journalière des biffins par la police municipale qui n’a pas été communiqué malgré de demandes répétés d’élus Europe Ecologie-les Verts (EELV) au Conseil de Paris. (...)